Actualiser et intensifier, d'ici 2022, la politique de lutte contre les conduites addictives. Tel est l'objectif du Plan national de mobilisation contre les addictions, récemment dévoilé. Celui-ci ambitionne notamment de "protéger dès le plus jeune âge", renforcer le repérage des conduites addictives et développer des "parcours" de prise en charge. Le CESE* estime quant à lui indispensable de renforcer la prévention et insiste sur l'importance de la réduction des risques dans les addictions au tabac et à l'alcool.

Chaque année en France, alcool et tabac sont respectivement la cause de 73 000 et 49 000 décès, avec un "coût social" de 240 milliards d’euros. Il s’agit en outre des 2 premières causes de mortalité évitable par cancer. 

 

 

 

Plan national de mobilisation contre les addictions

Le Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 vient d’être dévoilé par la Mildeca**, afin d’actualiser et d’intensifier la politique dans ce domaine. Celui-ci prend en compte toutes les addictions, ajoutant désormais les écrans aux "traditionnels" tabac, alcool et drogues.

Ce Plan s’articule autour de 6 "grands défis" : protéger dès le plus jeune âge ; mieux répondre aux conséquences des addictions ; améliorer la lutte contre le trafic ; renforcer les connaissances et leur diffusion ; renforcer la coopération internationale et adapter les priorités du plan aux particularités ultramarines.

Un focus sur quelques points au sein des 200 mesures de ce vaste plan.

Autour de la grossesse et de l’enfant

  • Intensifier la sensibilisation aux risques des consommations chez la femme enceinte :

- réviser les stratégies d’information (via des documents émis par les caisses de sécurité sociale, par les laboratoires de biologie médicale, via les notices des tests de grossesse, campagnes d’information grand public, etc.) ;

- améliorer la visibilité des avertissements sanitaires sur les bouteilles d’alcool et les paquets de cigarettes.

  • Favoriser un double repérage précoce auprès des enfants et des femmes, dès le désir d’enfant (par ex : mise à la disposition des femmes des auto-questionnaires sur les consommations d’alcool, tabac et cannabis et les facteurs de vulnérabilité).
  • Créer un environnement protecteur autour des jeunes : donner à l’école des moyens de prévention efficaces, réduire l’exposition des enfants au marketing des producteurs (alcool, tabac), etc.

Construction de parcours de santé

  • Systématiser et renforcer le repérage des conduites addictives en formant notamment les professionnels de santé de premier recours au repérage précoce et à l’intervention brève (RPIB) et en développant le recours aux outils d’auto-évaluation.
  • Renforcer l’implication des professionnels de premier recours dans l’accompagnement des patients souffrant d’addictions : renforcer la formation initiale (conduites addictives, approches motivationnelles) ; promouvoir le dépistage du VIH, VHC, VHB par les professionnels de premier recours ; développer le travail en réseau des professionnels (médecins, pharmaciens, infirmiers, maisons de santé, etc.).
  • Développer les recommandations de bonnes pratiques en addictologie et en favoriser l’appropriation par les professionnels concernés.
  • Systématiser des objectifs de réduction des risques et des dommages au sein des pratiques professionnelles.

Si les principaux représentants des professionnels de l’addictologie saluent la justesse des constats du Plan sur les défis à relever, ils déplorent l’absence de mention de la cigarette électronique et le manque de mesures concrètes visant à diminuer la consommation d’alcool (prix et fiscalité en particulier).

Avis du CESE

Quelques jours après la diffusion du Plan national, le CESE* a adopté un avis relatif aux addictions au tabac et à l’alcool, un travail mené en partenariat avec la Cour des comptes. Si ledit Conseil "constate une évolution des comportements et une prise de conscience accrue de ces problématiques, il relève qu’il est tout à fait possible d’avancer plus rapidement et efficacement".

Dans son avis, le Conseil estime notamment indispensable de :

  • Proposer une prise en charge adaptée à la variété des besoins et profils : donner toute leur place au baclofène et à la cigarette électronique, cibler les publics les plus vulnérables (femmes et jeunes en particulier), etc.
  • Renforcer la prévention : pour les boissons alcoolisées, imposer un périmètre sans publicité autour des lieux d’éducation et de formation, instaurer un prix minimum pour leur vente sur les lieux de fête, etc.
  • Améliorer l’information des professionnels sur la réduction des risques et consolider l’implication des professionnels de premier recours et des ARS.

Le CESE s’est attaché à "proposer des solutions pour réduire les consommations à risque, notamment vis à vis de l’alcool dont les résultats sont très en deçà de ceux obtenus pour le tabac". Il appelle à diversifier les politiques publiques et estime indispensable de modifier les représentations sociales de l’alcool et de promouvoir des politiques de réduction des risques.

Communiquez

Pour informer et sensibiliser le public sur la problématique des addictions, le Cespharm*** met à la disposition des pharmaciens plusieurs dizaines d’outils au sein de son Catalogue (thèmes "Addiction – Alcool", "Addiction – Drogues", "Addiction –Tabac") : vidéos, affiches, questionnaires d'évaluation (consommation / risques), fiche de suivi, brochures, etc.

 

Pour plus d'informations : 

 

*Conseil économique, social et environnemental

**Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives

***Prévention et éducation pour la santé : pour accompagner le pharmacien dans sa mission, le Cespharm (Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française) propose près de 300 documents d'information et outils éducatifs sur www.cespharm.fr