Une semaine après le passage d'Irma, Maggy Chevry, présidente de la délégation ordinale de la Guadeloupe, fait état d'une situation chaotique à Saint-Martin et Saint-Barthélémy. Mais l'accès au médicament a été assuré.

Avez-vous pu avoir des contacts sur les deux îles sinistrées ?C'est très difficile car l'aéroport n'a rouvert qu'hier [Ndlr, le 13 septembre]. Deux confrères ont pu se rendre à Saint-Martin où la situation reste chaotique. Les bâtiments ont été détruits à 90 %. Un confrère sur place, qui a perdu sa maison, m'expliquait hier qu'il avait fait la queue 4 heures pour avoir 20 litres d'essence pour son groupe électrogène. En revanche, les problèmes de sécurité ont été globalement résolus avec l'envoi de gendarmes. On ne circule plus après 19 heures. Où en est la situation sanitaire ?Une quinzaine de dialysés ont été évacués sur la Guadeloupe le premier jour, ainsi que des malades chroniques et des femmes prêtes à accoucher. Les gens sont surtout choqués psychologiquement. Côté médicament, il n'y a pas eu de pénurie grâce aux stocks arrivés de métropole avec les équipes sanitaires de l'Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS), dont six préparateurs et deux pharmaciens. Un dispensaire a été organisé à l'hôpital de Saint-Martin car toutes les officines étaient fermées. Les trois quarts des stocks du grossiste implanté à Saint-Martin, Laborex, et dont les locaux ont été détruits, avaient pu être récupérés par l'hôpital. La dispensation des médicaments indispensables continue de se faire à l'hôpital. Quelles nouvelles avez-vous des officines ?Il semble qu'une (sur 11) ait pu rouvrir mercredi à Saint-Martin et que deux ou trois autres soient prêtes à le faire. Les trois de Saint-Barthélemy auraient redémarré. La situation y est moins difficile. Grâce à la réouverture de l'aéroport hier, elles peuvent être approvisionnées par les répartiteurs de la Guadeloupe. De son côté, le laboratoire de biologie médicale de Saint-Martin n'a pas subi trop de dégâts. Il a pu collaborer avec le laboratoire de l'hôpital et nous a indiqué qu'il pouvait redémarrer grâce aux réactifs envoyés par des confrères de la Guadeloupe. Les autres pharmacies seront-elles en état de rouvrir rapidement ? Le plus gros problème, ce sont les équipes. Les collaborateurs sont tellement choqués qu'ils ne peuvent pas travailler. Ils ont perdu leur maison. Nous tâchons de faire un recensement pour voir le renfort que nous pourrions apporter de Guadeloupe aux confrères sur place.Une autre condition est le redémarrage de l'informatique, mais cela ne pose apparemment pas trop de problème avec le retour de l'électricité. Nous attendons une procédure de l'Assurance maladie pour la gestion des droits des patients ayant perdu tous leurs papiers. Quelles démarches doivent effectuer les confrères volontaires pour aller aider sur place ?Il est impératif de s'inscrire sur le site internet de l'EPRUS. Se rendre sur place de sa propre initiative est à proscrire, pour des raisons d'assurance et d'organisation. Quant aux dons de produits, type lait infantile, par les confrères, nous avons acté qu'ils se feraient via les grossistes de la Guadeloupe, qu'il convient de contacter. Il faut rappeler que la collecte de médicaments par des associations est interdite depuis 2007. Vous centralisez toutes les informations au niveau de la délégation de la Guadeloupe ?Oui, c'est notre rôle. Je suis notamment en contact permanent avec l'Agence régionale de santé qui nous fournit l'essentiel des informations, car entrer en contact avec les îles restait extrêmement compliqué jeudi. Et les confrères de la région peuvent en effet nous contacter pour toute question. Saisir la commission d'entraide de l'Ordre Les pharmaciens des deux îles sinistrées peuvent bénéficier d'une aide sous forme de don exceptionnel ou de prêt sans intérêt par l'intervention de la commission d'entraide et de solidarité de l'Ordre. Un dossier simple (demande type et questionnaire) doit être constitué. Il peut être obtenu auprès de la délégation de la Guadeloupe ou par courriel à ifraudeau@ordre.pharmacien.fr . Cela concerne tous les pharmacien confrontés à ces catastrophes naturelles.