Alors que les conséquences sanitaires des pénuries ont été largement mises en lumière par la crise de la Covid-19, l'enquête annuelle réalisée par le Groupement pharmaceutique de l'Union européenne (GPUE) confirme que le phénomène va en s'aggravant.

Le fait

Le GPUE vient de publier les résultats de son enquête annuelle sur les pénuries de médicaments à l’officine dans 26 États européens. Il en ressort que la situation a empiré dans les deux tiers des pays depuis 2019, et ne s’est pas améliorée dans les autres.

 

Pourquoi c’est important

  • L’incidence élevée des ruptures d’approvisionnement affecte lourdement le quotidien des malades, ainsi que l’exercice des officinaux malgré leurs efforts pour pallier ces difficultés.
  • La pandémie de Covid-19 a révélé au public la fragilité de la chaîne d’approvisionnement des médicaments et des dispositifs médicaux, ceci alors que les pharmaciens y sont confrontés depuis plus de dix ans.
  • C’est notamment à partir des résultats de l’enquête 2019 que la Commission européenne a récemment proposé des mesures visant à limiter les ruptures d’approvisionnement en médicaments (« Stratégie pharmaceutique pour l'Europe », page 20).

 

Ce qu’il faut en retenir

  • Tous les pays ayant répondu à l’enquête 2020 ont connu des ruptures d’approvisionnement à l'officine au cours des douze mois précédents et une majorité d’entre eux (65 %) estiment que la situation s'est aggravée par rapport à 2019.
  • Toutes les classes de médicaments sont affectées par ces ruptures d’approvisionnement à l’officine, au niveau européen. Les médicaments à visée cardiovasculaire sont les plus fréquemment concernés, à raison de 92 % des pays répondants.
  • Dans la majorité des pays répondants (65 %), plus de 200 médicaments étaient considérés comme manquants au moment de l’enquête.
  • Presque tous les pays répondants estiment que les ruptures d’approvisionnement sont source de désarroi et de désagréments pour les patients (96 %). L'interruption du traitement (80 % des pays répondants) et l'augmentation du coût pour le malade résultant d'un traitement alternatif plus cher ou non remboursé (57 %) sont aussi perçues comme les conséquences négatives les plus fréquentes pour les patients.
  • Dans la plupart des pays, les ruptures d’approvisionnement affectent l’activité des officines, du fait de la charge financière que représente le temps passé à gérer les pénuries (92 % des pays répondants), d’une perte de confiance des patients (80 %) et d’une dégradation de la satisfaction du personnel officinal (76 %).
  • Les possibilités dont disposent les officines pour remédier aux situations de pénurie varient beaucoup en fonction de la réglementation propre à chaque pays européen. Les plus communes sont la substitution générique (80 % des pays répondants), l'importation du médicament depuis un pays où il est disponible (50 %), et l’obtention du même médicament auprès d’une source alternative autorisée, telle qu’une autre pharmacie (46 %). Toutefois, certaines de ces solutions sont soumises à des restrictions (par exemple, nécessité d'une nouvelle prescription) et peuvent s’avérer fastidieuses et chronophages, tant pour le patient que pour le pharmacien.
  • Le temps passé par l’équipe officinale à gérer les ruptures d’approvisionnement est de 6,3 heures hebdomadaires en moyenne.
  • 23 % des pays répondants ont indiqué qu'il n’existait encore aucun système de notification à l'usage des pharmaciens d'officine, ceci alors que ce sont eux qui subissent ou pressentent souvent les difficultés d'approvisionnement, avant que les industriels et grossistes en soient informés ou ne les prévoient.
  • Le plus souvent, les pharmaciens d'officine reçoivent les informations utiles sur les pénuries via l'agence nationale du médicament (dans 65 % des pays), les fabricants (57 %) et les grossistes (50 %).

 

Pour aller plus loin