Claude Marie-Joseph est conseiller ordinal de la section E (représentant les pharmaciens des départements et collectivités d'outre-mer) et président de la délégation de Martinique. Si la situation épidémique s'améliore, les conditions d'exercice des confrères demeurent particulièrement délicates.

Quelles sont vos actions en cette période de déconfinement progressif ?

La Martinique est confrontée à deux problèmes : une grande défiance vis-à-vis de la vaccination et de véritables campagnes de désinformation. 

La situation reste dangereuse avec une primo-vaccination qui vient seulement de dépasser les 32 %. Ce déficit est également présent chez les professionnels de santé. La mobilisation des pharmaciens est donc essentielle. J’ai d’ailleurs réussi à mobiliser un groupe de confrères officinaux pour s’engager pleinement dans la vaccination et nous sommes passés de de vingt vaccinateurs, au mois d’août, à plus de quarante aujourd’hui !

Par ailleurs, début septembre, nous avons dû faire face à une forte contestation et nos confrères ont été violemment pris à partie. Mon rôle de conseiller ordinal a été de mener immédiatement, auprès des autorités, toutes les actions nécessaires contre de tels agissements. 

En tant que conseiller ordinal, qu’apportez-vous concrètement aux confrères ?

Il est primordial de les soutenir dans leur mission de santé publique. L’Ordre, aux côtés du préfet, de l’agence régionale de santé (ARS) et de l’Ordre national des médecins, participe à la mise en place d’un comité citoyen pour échanger sur la confiance que l’on peut avoir dans la vaccination, l’intérêt et les limites des tests et sur l’indépendance des professionnels de santé.

Il faut aussi les aider à résister, au quotidien, à des sollicitations irrationnelles. On leur demande, par exemple, d’honorer des ordonnances d’ivermectine à dose maximale pendant plusieurs jours. J’ai donc été amené à faire une mise au point dans les médias pour préciser qu’une telle utilisation, non seulement ne repose sur aucune preuve scientifique solide d’efficacité dans la Covid-19, mais est surtout en contradiction avec l’autorisation de mise sur le marché (AMM).

Ce qui vous rend le plus fier ? 

Malgré toutes ces difficultés, l’action ordinale nous permet d’œuvrer face à ce sentiment d’isolement. 

Et surtout, je suis fier de constater qu’il y a un nombre croissant d’officines qui pratiquent de plus en plus la vaccination ou les tests antigéniques.