Cette procédure a pour objectif de recueillir les alertes externes émises dans l’exercice de la profession de pharmacien. Cette procédure vise à faciliter le dépôt direct d’une alerte externe devant le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), par un lanceur d’alerte souhaitant l’avertir d’éléments dont il a connaissance et qui sont susceptibles de nuire à l’intérêt général.

Comment choisir entre alerte interne ou externe ?

Lancer une alerte externe consiste à porter son alerte à la connaissance des pouvoirs publics en s’adressant à une institution désignée par les textes, dite « autorité externe ». Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) est l’autorité externe, désignée par le décret n°2022-1284 du 3 octobre 2022 relatif aux procédures de recueil et de traitement des alertes internes et externes, compétente pour la réception des alertes externes concernant l’exercice de la profession de pharmacien.

Lancer une alerte interne consiste à s’adresser à une personne au sein de votre structure professionnelle[1] ou celle à laquelle vous avez appartenu ou auprès de laquelle vous vous êtes porté candidat. Vous êtes invité à suivre la procédure interne de recueil et de traitement des alertes internes éventuellement mise en place au sein de votre structure professionnelle[2], si cela ne vous expose pas à des risques de représailles ou de destruction de preuves et si vous estimez que cette procédure permettra de remédier efficacement aux faits dénoncés.

Si vous ne remplissez pas les conditions de recours à l’alerte interne au sein de votre structure professionnelle, vous êtes invité à recourir à la procédure de l’alerte externe au sein du CNOP ci-après détaillée.

[1] Cf. Article 8 de la loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016 modifiée.

[2] Cf. Article 4 du décret n° 2022-1284 du 3 octobre 2022.

Qu’est-ce qu’une alerte externe ?

Déposer une alerte externe consiste à dévoiler ou à signaler des faits et situations, qui se sont produits ou sont susceptibles de se produire, pouvant constituer :

  • Un crime ;
  • Un délit ;
  • Une menace ou un préjudice pour l’intérêt général ;
  • Une violation ou une tentative de dissimulation d’une violation :
    • De la loi ou du règlement ;
    • Du droit de l’Union européenne ;
    • D’un engagement international régulièrement ratifié ou approuvé par la France ;
    • D’un acte unilatéral d’une organisation internationale pris sur le fondement d’un tel engagement.

Seules les informations présentant un caractère illicite ou portant atteinte à l’intérêt général peuvent faire l’objet d’une alerte ou d’une divulgation. De simples dysfonctionnements ne peuvent suffire à fonder une alerte.

En cas de doute sur le contenu de son alerte, la personne envisageant d’effectuer une alerte a la possibilité de recevoir des conseils confidentiels à ce sujet.

Qu’est-ce qu’un lanceur d’alerte externe ?

Le lanceur d’alerte doit répondre aux quatre critères légaux suivants :

  • Le lanceur d’alerte est une personne physique, ce qui exclut ainsi toute personne morale (entreprise, association, etc.) ;
  • Le lanceur d’alerte ne tire aucune contrepartie financière directe de son alerte, c’est-à-dire aucune rémunération en réponse à son alerte ;
  • Le lanceur d’alerte doit être de bonne foi, c’est-à-dire qu’il doit avoir des motifs raisonnables de croire que les faits signalés sont véridiques à la lumière des documents et informations en sa possession ;
  • Le lanceur d’alerte a eu personnellement connaissance des faits signalés, lorsque les informations n’ont pas été obtenues dans le cadre de ses activités professionnelles ou ordinales.

Quelles sont les missions du CNOP désigné autorité externe ?

Les missions de l’Ordre national des pharmaciens et de son Conseil national sont définies aux articles L. 4231-1 et L. 4231-2 du code de la santé publique : assurer le respect des devoirs professionnels, assurer la défense de l’honneur et de l’indépendance de la profession, veiller à la compétence des pharmaciens et contribuer à promouvoir la santé publique et la qualité des soins, notamment la sécurité des actes professionnels.

Le CNOP est compétent pour recueillir et traiter les alertes des lanceurs d’alerte relatives à l’exercice de la profession de pharmacien[1].

[1] Cf. Annexe du décret n° 2022-1284 du 3 octobre 2022.

Quelles protections sont offertes au lanceur d’alerte ?

Le lanceur d’alerte bénéficie de certaines protections si celui-ci :

  • Répond bien aux conditions précitées ;
  • Respecte les règles légales des procédures d’alertes ou de divulgation publique.

Le lanceur d’alerte peut ainsi bénéficier :

D’une responsabilité civile limitée :

La responsabilité civile du lanceur d’alerte ne pourra pas être engagée pour les dommages ou préjudices causés à la personne mise en cause par son alerte.

Pour cela le lanceur d’alerte doit avoir respecté deux conditions :

  • L’alerte a été réalisée dans le respect des règles posées par les textes ;
  • Le lanceur d’alerte a des motifs raisonnables de croire que l’alerte ou la divulgation de l’intégralité des informations était nécessaire à la sauvegarde des intérêts en cause.

D’une responsabilité pénale limitée :

La responsabilité pénale du lanceur d’alerte ne pourra pas être engagée si, par son alerte ou pour pouvoir lancer celle-ci, il a porté atteinte à un secret protégé par la loi ou a soustrait, détourné ou recelé des documents ou tout autre support contenant des informations auxquelles il a eu accès de manière licite.

POINT DE VIGILANCE !

La limitation de la responsabilité pénale ne joue pas pour les secrets protégés exclus du régime de l’alerte externe

  • Secret de la défense nationale ;
  • Secret médical ;
  • Secret des délibérations judiciaires ;
  • Secret de l’enquête ou de l’instruction judiciaires ;
  • Secret professionnel de l’avocat.

De plus, dans le cadre d’une intrusion irrégulière dans un lieu ou d’un vol, le lanceur d’alerte ne pourra pas bénéficier d’une limitation de sa responsabilité pénale.

Les protections accordées au lanceur d’alerte ne peuvent être limitées. Il est également interdit de renoncer par avance au bénéfice de ce statut protecteur. Tout acte pris en méconnaissance de ces règles est considéré comme nul et ne peut donc pas être opposé au lanceur d’alerte.

Quelles sont les soutiens proposés au lanceur d’alerte ?

Le lanceur d’alerte peut bénéficier de soutiens financiers au cours d’une éventuelle procédure engagée :

Il peut demander au juge compétent des :

  • Provisions pour frais d’instance (somme d’argent destinée à couvrir les différents frais liés à un procès) ;
  • Subsides (versement d’une somme d’argent pour subvenir aux besoins du lanceur d’alerte si sa situation financière s’est gravement détériorée à la suite de son alerte).

Le lanceur d’alerte peut bénéficier d’autres mesures de soutien psychologique et financier :

Si en raison de son alerte, la situation économique du lanceur d’alerte s’est gravement détériorée, la loi prévoit que les autorités externes désignées par le décret du 3 octobre 2022 ont la faculté d’assurer d’un soutien psychologique et financier de manière temporaire.

Il s’agit d’une simple faculté pour ces autorités et non d’une obligation.

Le lanceur d’alerte est protégé contre les mesures de représailles et les « procédures bâillons » dirigées contre lui :

Il est interdit de faire subir au lanceur d’alerte des représailles en lien avec son alerte, que ce soit dans l’exercice de ses fonctions professionnelles ou dans tous les domaines autres que professionnels. Si le lanceur d’alerte pense être victime de telles mesures de représailles en raison de son alerte, il peut solliciter l’annulation de ces mesures devant le juge compétent et être indemnisé des préjudices résultants de ces représailles. De même, les « procédures bâillons », actions en justice qui sont en réalité destinées à intimider le lanceur d’alerte, sont sanctionnées.

L’usage de mesures de représailles, de menaces ou de tentatives de mesures de représailles et de procédures bâillons est sanctionné pénalement et civilement.

La procédure de recueil et de traitement des alertes externes

Le Directeur général ainsi que des membres de la Direction des affaires juridiques (DAJ) ont été nommément désignés par le CNOP pour être en charge du recueil et du traitement des alertes externes.

Aucune formalité spécifique ou procédure n’est requise avant d’adresser une alerte au CNOP : le lanceur d’alerte, dont l’alerte porte sur ce champ de compétences, peut décider d’adresser au CNOP son alerte, qu’il ait déjà effectué une alerte interne ou non.

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Je souhaite adresser une alerte externe au CNOP

Par voie électronique : contact@alerte.externe.ordre.pharmacien.fr

Par voie postale : En adressant un courrier au CNOP, en utilisant le système de la double enveloppe pour protéger la confidentialité des échanges.

  • L’enveloppe extérieure doit comporter l’adresse suivante :

Conseil national de l’Ordre des pharmaciens

Direction des affaires juridiques

4 avenue Ruysdaël

75379 PARIS CEDEX 08

  •  L’enveloppe intérieure doit comporter la mention :  « TRANSMISSION D’UNE ALERTE EXTERNE »

Par téléphone (messagerie automatique et communications enregistrées) : 01 59 03 49 61

Par visioconférence ou par rencontre physique : Uniquement à la demande de l’auteur de l’alerte et selon son choix, organisée au plus tard vingt jours ouvrés après réception de la demande.

POINT DE VIGILANCE !

En cas de transmission de documents, il est préconisé de privilégier l’envoi en recommandé avec accusé de réception et d’adresser uniquement des copies (et non des originaux).

Pour des raisons de confidentialité, il est recommandé d’utiliser ici une messagerie personnelle ou un téléphone personnel.

Mention d'information générale - Traitement des données personnelles

Lorsque vous transmettez une alerte à l’aide du dispositif de recueil des alertes, par courrier électronique à contact@alerte.externe.ordre.pharmacien.fr ou par message vocal au 01 59 03 49 61, le CNOP traite vos données personnelles en tant que responsable du traitement.

Ce traitement de données personnelles se fonde sur l’exécution d’une obligation légale à laquelle l’Ordre des pharmaciens est soumis conformément aux dispositions de la loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique modifiée et au décret n° 2022-1284 du 3 octobre 2022 relatif aux procédures de recueil et de traitement des alertes émises par les lanceurs d'alerte et fixant la liste des autorités externes instituées par la loi n° 2022-401 du 21 mars 2022 visant à améliorer la protection des lanceurs d'alerte.

  • Le traitement de données personnelles est mis en œuvre afin de :
  • Recueillir et traiter les alertes ;
  • Effectuer les vérifications, enquêtes et analyses nécessaires ;
  • Définir les suites à donner à l’alerte ;
  • Assurer la protection des personnes concernées ;
  • Exercer ou défendre des droits en justice.

Le CNOP s’engage à traiter vos données personnelles en conformité avec le Règlement (UE) 2016/679 du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données (le « RGPD ») et la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 modifiée (ci-après, avec le RGPD, la « Réglementation applicable en matière de données personnelles »).

En savoir plus…

Ce que dit la loi :

  • Loi organique n° 2011-333 du 29 mars 2011 modifiée relative au Défenseur des droits ;
  • Loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016 modifiée relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique ;
  • Loi n° 2022-401 du 21 mars 2022 visant à améliorer la protection des lanceurs d’alerte ;
  • Loi organique n° 2022-400 du 21 mars 2022 visant à renforcer le rôle du Défenseur des droits en matière de signalement d’alerte.

Ce que dit le règlement :

  • Décret n° 2022-1284 du 3 octobre 2022 relatif aux procédures de recueil et de traitement des signalements émis par les lanceurs d’alerte et fixant la liste des autorités externes instituées par la loi n° 2022-401 du 21 mars 2022 visant à améliorer la protection des lanceurs d’alerte.

Documentation utile :

Contacter le Défenseur des droits…

Pour toute question relative à l’orientation, à l’accompagnement et à la protection des lanceurs d’alerte, vous pouvez contacter le Défenseur des droits :

  • Par téléphone : 09 69 39 00 00
  • Par voie électronique : (formulaire disponible sur son site internet)
  • Par courrier gratuit sans affranchissement à :

Défenseur des droits

Libre réponse 71120

74342 Paris CEDEX 07

Les lanceurs d’alerte peuvent directement adresser au Défenseur des droits une alerte sur ses domaines de compétences (discrimination, droits de l’enfant, défense des usagers des services publics et déontologie des forces de sécurité). Toute personne peut demander à ce dernier de certifier sa qualité de lanceur d’alerte.