Les effectifs des pharmaciens ont légèrement augmenté en 2015, l’entrée de jeunes pharmaciens compensant le décalage de départ à la retraite des anciens. La profession est cependant toujours confrontée à sa moyenne d’âge élevée, notamment des pharmaciens d’officine et des biologistes, ainsi qu’à un taux de diplômés en pharmacie qui ne s’inscrivent pas à l’ordre en forte hausse. Enfin, la concentration du secteur et l’exercice « groupé » se renforcent, cependant le maillage de proximité est préservé.  

En 2015, avec 74 754 pharmaciens inscrits à l’Ordre, la croissance des effectifs se poursuit : +0,35 %, soit 262 pharmaciens de plus par rapport à 2014. Cette légère augmentation est due au retardement des départs à la retraite des pharmaciens, notamment dans le secteur officinal, secteur qui regroupe 75 % des pharmaciens. Si l’Ordre enregistre 2 324 nouvelles inscriptions, toutes sections confondues, ce nombre est en baisse de moins de 6,1 % par rapport à l’année précédente. Un peu plus de 67 % des pharmaciens sont des femmes. La féminisation de la profession n’est pas un phénomène nouveau. Elle est particulièrement marquée dans la section des pharmaciens adjoints (81 %) et celle des pharmaciens hospitaliers (75 %). Le nombre de pharmaciens salariés reste stable, alors que celui exerçant en libéral affiche un très léger repli. Les effectifs de l’officine et de la biologie médicale diminuent de 0,9 %. Ce recul s’explique par le renforcement de l’exercice « associé » dans le réseau officinal et la poursuite de la concentration des laboratoires de biologie médicale.

On observe un vieillissement chez les titulaires d’officine et les biologistes médicaux avec un décalage des départs à la retraite. Le vieillissement de la profession demeure une tendance lourde. L’âge moyen reste stable (46,6 ans), mais on compte désormais 2 347 pharmaciens âgés de 66 ans et plus, soit une hausse de +9,37 % par rapport à 2014. Cette tranche d’âge représente 3,1 % de la population globale. Au total, près de 39,5 % des effectifs ont 56 ans et plus. Les pharmaciens titulaires et les biologistes médicaux sont toujours les plus âgés avec une moyenne d’âge respective de 50,2 et 49,5 ans. Ce vieillissement de la population devrait ralentir aux alentours de 2021 grâce à deux phénomènes : la génération la plus âgée partira à la retraite et des jeunes pharmaciens arriveront plus nombreux en raison de la réévaluation du numerus clausus depuis 2004. La question de l’attractivité de la filière officine est cruciale pour assurer la relève. Si l’on peut se réjouir de la croissance du nombre de pharmaciens hospitaliers et industriels, la question de l’attractivité de la filière officine est cruciale au vu du nombre prévisible de départs à la retraite dans les années à venir.

Le nombre de pharmaciens d’officine (adjoints et titulaires, métropole et DOM) qui atteindront annuellement 65 ans va fortement augmenter jusqu’en 2021, passant de 597 (2016) à 1 544 (2019), puis à 1 929 (2021). Pourtant, en regard, lorsqu’on examine les choix de filières à l’université, on constate que l’orientation récente des jeunes diplômés se fait de plus en plus au détriment de la filière officine. Seulement 30% des étudiants choisissent actuellement cette filière (auparavant 60 à 70 %).

Un taux « d’évaporation » en hausse et des jeunes. En 2015, 77,6 % des nouveaux inscrits ont logiquement moins de 30 ans. Mais ce fait ne doit pas masquer une autre évolution préoccupante : Ils sont moins nombreux et on constate une forte augmentation du taux d’évaporation des jeunes diplômés. Il atteint 32,8 %, soit 1015 diplômés « évaporés », contre 27,8 % en 2014.En revanche, les jeunes diplômés sont un peu plus mobiles en 2015 : 58 % s’inscrivent dans la région où ils ont achevé leurs études contre 67 % en 2014. La mobilité est plus forte dans des régions plus petites ou moins denses. Plus de 40 % des jeunes ayant étudié en Bourgogne, dans le Centre ou en Poitou-Charentes, se sont ainsi inscrits dans une autre région.

Le maillage territorial de proximité reste préservé pour l’officine. Le réseau de proximité demeure avec 3 943 pharmacies dans les communes de moins de 2 000 hab., 3651 dans les communes de 2000 à 5000 hab. En proportion, les nouveaux pharmaciens titulaires s’installent à l’identique dans tous les départements, y compris ruraux (en moyenne le taux de renouvellement est de 2,53%).
Comparé à la plupart des grands pays de l’Union européenne voisins (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Italie), la densité en officines au km2 est plus modeste en France, sans pour autant qu’il y ait de désert pharmaceutique.