Les résultats de l’enquête nationale en collèges et en lycées chez les adolescents sur la santé mentale et les substances (EnCLASS) ont été publiés le 9 avril 2024. Ils révèlent que 14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression. Réalisée sur près de 10 000 élèves du secondaire entre 2018 et 2022, l’étude montre que la proportion de collégiens percevant leur santé comme excellente a connu une baisse significative par rapport à la période 2010-2018 et que cette baisse concerne davantage les filles que les garçons.

Méthode de l’étude

EnCLASS est une enquête anonyme qui repose sur un questionnaire auto-administré en ligne. Elle a recueilli les réponses de 9 337 élèves du secondaire, dans les collèges et lycées publics et privés.

Les indicateurs analysés chez les jeunes concernent :

  • la perception de leur santé ;
  • la perception vis-à-vis de leur vie actuelle ;
  • leur bien-être mental ;
  • le sentiment de solitude ressenti au cours des 12 derniers mois ;
  • les plaintes psychologiques et somatiques ressenties ;
  • les symptômes de nature dépressive ;
  • les comportements suicidaires.

Comment les jeunes évaluent-ils leur santé mentale et leur bien-être ?

En 2022, 86 % des collégiens et 83 % des lycéens se sont déclarés en excellente ou en bonne santé.

Quel que soit le niveau de scolarité, les garçons sont en proportion plus nombreux que les filles à percevoir leur santé comme bonne ou excellente :

  • au collège, ils sont 90 % contre 82 % des filles ;
  • au lycée, ils sont 90 % contre 77 % des filles.

Une grande majorité des élèves interrogés ont une perception positive de leur vie actuelle, avec une proportion plus importante chez les collégiens (81 %) que chez les lycéens (76,7 %).

Les garçons ont globalement une meilleure perception de leur vie actuelle que les filles :

  • en 6e, ils sont 87,6 % à avoir une perception positive de leur vie contre 80,9% des filles ;
  • en 4e, ils sont 88,3 % contre 71,7% des filles ;
  • en terminale, ils sont 85,2 % contre 69,7 % des filles.

Un peu plus de la moitié des élèves interrogés présente un bon niveau de bien-être mental, avec une proportion plus importante chez les collégiens (58,7 %) que chez les lycéens (51 %).

Quel que soit le niveau de scolarité, les garçons présentent un meilleur niveau de bien-être mental que les filles. Chez les filles, le bien-être diminue nettement entre la 6e et la 3e puis reste stable durant le lycée. En terminale, elles sont 35,9 % à présenter un bon niveau de bien-être. Chez les garçons, il diminue également au collège entre la 6e et la 3e puis évolue peu au lycée. En terminale, ils sont 62,6 % à évaluer positivement leur bien-être.

Quels sont les symptômes du mal-être chez les jeunes ?

Sentiment de solitude

Environ un quart des élèves interrogés ont éprouvé un sentiment de solitude au cours des 12 derniers mois.

Quel que soit le niveau de scolarité, les filles sont en proportion plus nombreuses que les garçons à exprimer ce sentiment. Chez elles, il s’amplifie nettement au collège entre la 6e (21,8 %) et la 3e (35,7 %) puis reste élevé au lycée. La proportion de garçons déclarant un sentiment de solitude évolue peu tout au long de la scolarité. En classe de 1re, ils sont 18,4 % à éprouver un sentiment de solitude, contre 41,8 % des jeunes filles.

Plaintes psychologiques et somatiques

Parmi les plaintes qui reviennent le plus souvent parmi les élèves du secondaire :

  • la difficulté à s’endormir (43 % des collégiens et 42 % des lycéens) ;
  • la nervosité (36,6 % au collège et 45,4 % au lycée) ;
  • l’irritabilité (respectivement 34,3 % et 45,4 %).

Toutes les plaintes sont rapportées plus fréquemment par les filles que par les garçons, quel que soit le niveau de scolarité.

Symptômes dépressifs et risque de dépression

Les symptômes dépressifs ont été mesurés en 4e et 3e et au lycée. 14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression.

Concernant les symptômes déclarés, les 3 principaux sont :

  • le manque d’énergie (48 % des collégiens et 53 % des lycéens) ;
  • le fait de se sentir découragé (respectivement 38,7 % et 44,6 %) ;
  • la difficulté à réfléchir (respectivement 38 % et 42,3 %).

Quel que soit le symptôme, les filles sont systématiquement plus concernées que les garçons. Les écarts les plus importants entre filles et garçons, que ce soit au collège ou au lycée, sont observés pour la tristesse, le fait de ne pas supporter grand-chose et le fait de se sentir découragé.

À noter : 1 fille sur 4 au collège (25,5 %) ou au lycée (23,1 %) déclare avoir déjà eu envie de mourir (contre respectivement 10,5 % et 9,9 % des garçons).

La prévalence du risque de dépression était restée stable entre 2014 et 2018. Sur la période 2018-2022, elle a augmenté en passant de 5,2 % à 6,9 % chez les garçons et de 13,4 à 21,4 % chez les filles.

Comportement suicidaire

Les comportements suicidaires ont été mesurés uniquement parmi les lycéens.

Un quart d’entre eux (24,2 %) ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois.
Au cours de leur vie, près de 13 % des lycéens interrogés déclarent avoir fait une tentative de suicide avec une proportion deux fois plus importante chez les filles (17,4 %) que chez les garçons (8,4 %).

Entre 2018 et 2022, la proportion de lycéens ayant eu des pensées suicidaires au cours de l’année écoulée a augmenté, de façon plus importante chez les filles. Elle est passée de 13,3 % à 17,4 % chez les garçons et de 24,2 % à 30,9 % chez les filles.

En conclusion, les collégiens et les lycéens ont connu une nette dégradation de leur santé mentale et de leur bien-être entre 2018 et 2022 et cette dégradation est plus marquée chez les jeunes filles. Pandémie de Covid-19, conflits armés, attentats, crise climatique, pression scolaire, risques liés à Internet et à l’utilisation des médias sociaux sont autant de facteurs de risque qui pourraient contribuer à expliquer que la santé mentale des jeunes s’est nettement dégradée.

Pour plus d’informations sur l’enquête EnCLASS 2022, accéder aux résultats complets sur le site de Santé publique France.

Orienter les jeunes vers des numéros d’écoute dédiés

  • Ligne d'écoute dédiée aux jeunes, accessible 7 jours sur 7 de 9h00 à 23h00 (service et appel anonyme et gratuit) : 0 800 235 236
  • Numéro national de prévention du suicide, accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 (service et appel anonyme et gratuit) : 31 14

Pour en savoir plus sur la santé mentale des jeunes, lire La santé mentale des adolescent (10 à 19 ans).

(1) Enquête nationale en collèges et en lycées chez les adolescents sur la santé et les substances (EnCLASS 2022) effectuée par questionnaire auto-administré et anonyme qui a recueilli les réponses de 9 337 élèves du secondaire en 2022.

Source : actualité ameli.fr du 16/04/2024