L'Ordre national des pharmaciens a réalisé un sondage auprès de l'ensemble des pharmaciens afin de recueillir leur perception de la crise covid-19 mais aussi d'identifier les actions menées, par chacun d'entre eux, au quotidien, lors de la première vague. Quels sont les principaux enseignements à retenir ?

Dans le cadre de cette enquête lancée en octobre dernier, les pharmaciens  étaient invités à donner leur avis sur 4 thématiques : l’impact de la crise sur l'exercice de leurs missions, l'accompagnement des professionnels durant la crise, les outils et moyens complémentaires utilisés et enfin, la coordination interprofessionnelle. L’Ordre remercie chaleureusement  les 12 000 pharmaciens qui ont participé à ce sondage permettant ainsi de remonter leurs sujets prioritaires auprès des autorités.

Principaux résultats transversaux

Une poursuite des activités mais avec des adaptations nécessaires

  • 30% des professionnels ont dû réajuster leur activité pour continuer à mener leurs missions ; 24,4% d’entre eux se sont sentis renforcés dans leur rôle de professionnels de santé. Pour autant, le ressenti est hétérogène entre professionnels puisque 34% des industriels estiment avoir exercé sereinement leurs missions alors que 25% des pharmaciens d’officine et 24% des biologistes médicaux se sont sentis agressés et mal/moins bien considérés dans leur exercice quotidien.
  • Pour faire face à la première vague de la crise, les pharmaciens en première ligne ont principalement procédé à une adaptation de leurs activités et de leurs horaires d’ouverture (à 44%). En revanche, ils ont peu recruté, à l’exception des biologistes médicaux qui, pour 44% d’entre eux, ont déclaré avoir fait appel à du personnel complémentaire (y compris non pharmacien). 
  • Pour certains pharmaciens, la simple adaptation de l’activité n’a pas été suffisante pour faire face à la première vague de la crise, impliquant parfois une réorganisation complète de l’activité (notamment pour 32% des biologistes). Du côté des pharmaciens des établissements de santé, ils ont dû repenser leur activité hospitalière tout en poursuivant la réalisation des missions traditionnelles (50%), voire la réorganiser complètement (32%). 

Des impacts sur les activités et missions des pharmaciens à moyen terme : de nouvelles missions à inscrire de façon pérenne

  • Les pharmaciens, notamment les officinaux (à travers le renouvellement d’ordonnance ou le dépistage), les distributeurs en gros (à travers la distribution des produits de santé pour le compte de l’Etat), ou encore les pharmaciens d'établissements de santé (pour la fabrication des préparations spéciales pour les autres PUI et des SHA en situation de pénurie, ou la pérennisation de l’appel des grossistes répartiteurs pour livrer le médicament de rétrocession auprès de l’officine ou encore pourvoir adapter et renouveler les traitements dans le cadre de protocoles ) souhaiteraient que plusieurs des nouvelles missions exercées durant la crise s’inscrivent de manière durable dans leur activité. Ces missions sont en adéquation avec les recommandations effectuées par l’Ordre dans le cadre du Ségur de la Santé. 
  • Près de 43% d’entre eux jugent que leur image sera renforcée suite à la première vague de la crise sanitaire ; 10% estiment à l’inverse que l’image de leur profession sera dégradée post crise. 

L’accompagnement délivré par l’Ordre et les organisations institutionnelles : une information utile et essentielle reçue

  • L’accompagnement de l’Ordre et des organisations professionnelles est jugé satisfaisant par les pharmaciens, voire très satisfaisant pour les industriels, les pharmaciens d'établissements de santé et les distributeurs en gros. Pour les officinaux et les biologistes, les organisations professionnelles ont également joué un rôle satisfaisant d’accompagnement.
  • Par ailleurs, les répondants  estiment majoritairement que l’accompagnement de la part des autorités publiques s’est avéré insuffisant.
  • Tous pharmaciens confondus, 52% considèrent que les actions mises en œuvre par l’Ordre les ont aidés, même si cette perception est hétérogène selon les métiers (notablement saluées par les officinaux ). Les trois actions les plus appréciées ont été : la publication des actualités fréquentes et des lettres électroniques dédiées, les mails adressés par les sections, la transmission aux officines et aux PUI des messages DP. Les informations diffusées par l’Ordre se sont couplées à celles diffusées par les autres acteurs de la santé. Néanmoins, les pharmaciens soulignent l’importance de bénéficier d’informations claires, concises et mises à jour régulièrement. 

Une augmentation significative de l’utilisation des outils numériques en temps de crise et une coopération interprofessionnelle affirmée même si encore très informelle

  • Les usages de la télésanté se sont fortement développés durant la première vague de la crise. Les pharmaciens mettent en avant le besoin de définir un cadre éthique et responsable pour en encadrer l’usage.
  • Pour 60% des pharmaciens, l'utilisation des outils numériques a été renforcée durant la première vague (DP, DMP, MSS, ...). Pour autant, ils souhaitent une simplification des outils actuels.
  • Les pharmaciens sont peu nombreux à s’être appuyés sur de nouveaux outils numériques. Cependant, notamment les officinaux, ils voudraient qu'ils s’inscrivent durablement dans les pratiques de la profession ("click and collect", livraison de médicaments à domicile, etc.). 
  • La première vague de la crise a incité 83% des pharmaciens à travailler davantage en collaboration avec d’autres professionnels de santé (très significatif chez les officinaux et les biologistes médicaux). Pour autant, ces échanges sont restés très informels (57%), se basant peu sur des outils numériques (20%) ou sur des structures interprofessionnelles (16%). Ce sont avec les médecins et infirmiers libéraux que les échanges ont été les plus nombreux.

Pour aller plus loin