À la suite de saisines déposées par sept sociétés savantes et associations de patients*, la Haute Autorité de santé (HAS) publie des recommandations sur la mise en place d’une stratégie et d’un programme de gestion du capital sanguin en périopératoire et en obstétrique pour optimiser la prise en charge du patient et pallier les pénuries de sang.

Le fait

  • La HAS publie un guide de bonnes pratiques, recommandant la mise en place d’une gestion personnalisée du capital sanguin ou Patient Blood Management (PBM).
  • Ce guide est destiné à l’ensemble des professionnels de santé des établissements de santé qui doivent le mettre en œuvre dès aujourd’hui.
  • Des études menées en France ont confirmé les résultats positifs constatés dans plusieurs pays (Australie, Allemagne, Italie) où la démarche PBM a déjà été déployée.

Les enjeux du PBM 

  • Éviter ou limiter le recours à la transfusion de culots globulaires non nécessaires, en dépistant et en traitant l’anémie et/ou la carence martiale en préopératoire d’une chirurgie à risque hémorragique.
  • Maîtriser les besoins de sang (réservé prioritairement aux situations où la transfusion sanguine est inévitable) pour une utilisation raisonnée des produits sanguins.
  • Rechercher systématiquement, lors de la prise en charge préopératoire, une anémie et/ou une carence martiale qui doivent faire l’objet de mesures correctrices.
  • Améliorer la qualité et la sécurité des soins pré, per et postopératoire en personnalisant la prise en charge dans le cadre de décisions partagées entre le patient et les professionnels de santé.

En pratique, pour les biologistes médicaux et les pharmaciens hospitaliers

  • L’implémentation efficace du PBM suppose une bonne coopération des différents intervenants autour du patient : anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens, hémovigilants, pharmaciens hospitaliers, biologistes médicaux…
  • Il faut suivre les phases de prise en charge du PBM :
     

- en préopératoire : rechercher une anémie et, si celle-ci est confirmée, rechercher une carence martiale. Si nécessaire, une prise en charge de l’anémie doit être réalisée en amont de la chirurgie (cf. algorithme utilisable pour le diagnostic et la classification de l’anémie dans la période préopératoire) ;

- en peropératoire : mettre en place les mesures appropriées pour gérer les saignements (moyens médicamenteux, chirurgicaux, normothermie, monitoring) ;

- en postopératoire : s’assurer que le patient a un bilan sanguin satisfaisant avant sa sortie de l’hôpital.

  • En obstétrique : 
     

- rechercher une anémie (Hb < 11g/dL) chez toutes les femmes en début de grossesse, au sixième mois de grossesse et à tout moment de la grossesse en présence de symptômes d’anémie ;

- rechercher une carence martiale (ferritinémie < 30 ng/mL) à tout moment de la grossesse, en cas de symptômes d’anémie et en début de grossesse dans la population à risques, avec mise en place de mesures correctrices si nécessaire ;

- réserver la transfusion anténatale aux anémies sévères (Hb < 8 g/dL) ;

- supplémentation orale ou intraveineuse en fer, à réaliser en postpartum en cas d’anémie légère à modérée (Hb < 11 g/dL) avant la sortie de la maternité.

Pour définir la stratégie et le programme de gestion du capital sanguin en périopératoire dans les établissements de santé, la HAS suggère la création d’un comité de gestion du capital sanguin en lien avec le comité de sécurité transfusionnelle et d’hémovigilance (CSTH) de l’établissement de santé.

Pour aller plus loin

 

*La Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar), la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot), le Groupe francophone de réhabilitation améliorée après chirurgie (Grace), le Collectif national des associations d’obèses (Cnao), l'association afa Crohn RCH France (AFA), l’association Patients en réseau et Cerhom (cancers masculins).