L'Ordre et son histoire
Les origines de l'Ordre
La création de l’Ordre est l’aboutissement d’une ambition ancienne : accompagner le déploiement de la pharmacie moderne tout en protégeant la santé de la population. Huit moments clés permettent de comprendre son histoire.
Création de l'Ordre
À la Libération, une ordonnance du Gouvernement provisoire de la République française, en date du 5 mai 1945, supprime le Conseil supérieur de la pharmacie. L’organisation est considérée comme dénuée de légitimité démocratique et détournée de la seule vocation qui aurait dû être la sienne : la défense de la santé publique et des patients, à travers les principes de compétence et de bon exercice. Renouant avec le projet présenté par l’AGSPF, cette même ordonnance du 5 mai 1945 crée l’Ordre national des pharmaciens.
Conseil supérieur de la pharmacie
En 1940, le régime de Vichy écarte la création de l’Ordre tel qu’attendu par la profession. Il opte pour une organisation différente, conforme à sa doctrine corporatiste : des chambres départementales et des conseils régionaux de pharmaciens, coordonnés par un Conseil supérieur de la pharmacie. Outre l’exercice d’actions disciplinaires à l’encontre des pharmaciens, ces conseils sont chargés de défendre leurs intérêts matériels. Ils remplacent ainsi les syndicats désormais interdits. La représentativité au sein de ces conseils est moindre puisque leurs membres ne sont pas élus, mais désignés par les autorités administratives.
Projet de l'AGSPF
L’Association générale des syndicats pharmaceutiques de France (AGSPF), créée à la fin du XIXe siècle, souhaite la création d’un ordre professionnel capable d’assurer une régulation déontologique.
Son projet s’inspire à la fois de l’Ordre des avocats et d’une institution analogue existant depuis 1897 pour les pharmaciens des départements d’Alsace-Moselle. Une proposition de loi est déposée au cours de la législature 1928-1932, adoptée par la Chambre des députés, puis transmise au Sénat.
En 1939, les pharmaciens, consultés par référendum, confirment à une majorité de 80 % leur souhait de voir créer cet Ordre. Cette proposition est suspendue suite au déclenchement de la guerre.
Nouveau besoin de régulation
Au début du XXe siècle, une série de dysfonctionnements et d’abus apparaît dans la distribution des médicaments et, plus généralement, des produits de santé : multiplication anarchique du nombre d’officines, faible vérification des capacités à exercer, usage de prête-noms, colportage sans titre de plantes médicinales, libertés dans la réalisation des préparations médicamenteuses ou encore « guerre des rabais ». Face à ces dérives préjudiciables à la santé de la population, le renouvellement des principes qui encadrent l’exercice de la pharmacie se révèle indispensable.
Naissance de la pharmacie moderne
La loi du 21 Germinal marque un jalon fondamental dans l'histoire de la pharmacie. Applicable à tout le territoire et traitant de l'ensemble des questions pharmaceutiques (formation, exercice, régulation), elle met fin aux particularismes locaux en instituant un enseignement national assuré par l'Etat. Cette loi fondatrice a régi l'exercice de la pharmacie tout au long du XIXe siècle et ce, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
Séparation des apothicaires et des épiciers
Sous le règne de Louis XVI, les apothicaires et les épiciers se séparent. Ils formaient jusque-là une seule et même corporation. Le roi reconnaît le monopole de la vente des médicaments aux seuls membres du Collège royal de pharmacie. L’origine de l’organisation moderne de la pharmacie date de cette époque.
Durant la période révolutionnaire, le mot apothicaire disparaît au profit de celui de pharmacien.
Séparation de la médecine et de la pharmacie
Au Moyen Âge, la pharmacie se sépare de la médecine et acquiert peu à peu son autonomie. Des communautés d’apothicaires se créent afin d’organiser la profession. Les premiers statuts sont établis dans le Midi de la France (Arles, Avignon, Montpellier) au XIIIe siècle.
Naissance de la médecine et de la pharmacie
Père de la médecine, Hippocrate pratiquait également la pharmacie. Six cents ans après, Galien, médecin grec, laissera son nom à la pharmacie galénique, la science et l'art de préparer un principe actif pour le rendre administrable au patient sous une forme qualifiée de médicamenteuse. Il contribua en effet à fonder clairement la pharmacologie en s'appuyant à la fois sur la théorie (logos) et l'expérience (empeiria). Pendant des siècles, médecine et pharmacie resteront confondues et seront exercées par celui qui préparait les médicaments qu’il prescrivait.
Les mandats des anciens présidents
Docteur en pharmacie et pharmacien d'officine, Isabelle Adenot est, en 2009, la première femme élue à la présidence du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens. Elle...
Isabelle Adenot
Docteur en pharmacie et pharmacien d'officine, Isabelle Adenot est, en 2009, la première femme élue à la présidence du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens. Elle a auparavant présidé le Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Bourgogne pendant 8 ans et en 2003, le Conseil central de la section A, représentant les pharmaciens titulaires d’officine. Elle joue un rôle majeur dans le déploiement du Dossier Pharmaceutique (DP). Son mandat est marqué par un fort investissement au niveau international : elle préside la Conférence internationale des Ordres de pharmaciens francophones (CIOPF) de 2009 à 2017, le Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE) en 2012 et assure la vice-présidence de la Fédération internationale pharmaceutique (FIP) de 2014 à 2017.
Pharmacien diplômé de la Faculté de Pharmacie de Paris V, ancien interne des Hôpitaux de Paris, pharmacien d’officine, Jean Parrot devient membre du Conseil national...
Jean Parrot
Pharmacien diplômé de la Faculté de Pharmacie de Paris V, ancien interne des Hôpitaux de Paris, pharmacien d’officine, Jean Parrot devient membre du Conseil national de l’Ordre en 1989 et en assure la présidence à partir de 1993. Fondateur et président de la Conférence internationale des Ordres des pharmaciens francophones (CIOPF), il occupe également les fonctions de vice-président dès 1994, puis de président de la Fédération internationale pharmaceutique (FIP) de 2002 à 2006. La création du Dossier Pharmaceutique (DP) s’effectue sous sa Présidence.
Pharmacien biologiste, ancien interne des Hôpitaux de Lyon, Jean Brudon est élu au Conseil national de l’Ordre en 1961. En 1987, il prend les fonctions de président dans...
Jean Brudon
Pharmacien biologiste, ancien interne des Hôpitaux de Lyon, Jean Brudon est élu au Conseil national de l’Ordre en 1961. En 1987, il prend les fonctions de président dans une période marquée par l’arrêt de la Cour d’appel de janvier 1988 sur la parapharmacie (obligation de présence d’un docteur en pharmacie dans les espaces parapharmacie en grande surface). Homme de dialogue, il défend inlassablement les métiers de la pharmacie et l’éthique qui les anime. Attentif à la prise en compte de l’ensemble de la profession, de l’officine à la biologie en passant par l’industrie, la distribution et l’hôpital, il mène une réflexion prospective sur la place de la pharmacie au début du XXIe siècle qui donne lieu à la réalisation d’un livre blanc sur son avenir.
Médecin et pharmacien, Pierre Fournier est successivement pharmacien-gérant puis président directeur général des Laboratoires Fournier Frères durant de nombreuses...
Pierre Fournier
Médecin et pharmacien, Pierre Fournier est successivement pharmacien-gérant puis président directeur général des Laboratoires Fournier Frères durant de nombreuses années. Il est conseiller auprès du ministère du Commerce extérieur de 1951 à 1973. Il est élu président du Conseil national en 1979, après l’avoir rejoint en 1971. Son mandat est marqué par la sortie du rapport Sérusclat (1982), dernier grand rapport en matière de distribution du médicament (proposition notamment d’un tiers payant généralisé et d’honoraires de dispensation pour le pharmacien.
Pharmacien d’officine, président du syndicat des pharmaciens du Var à la veille de la Seconde Guerre mondiale, maire de Toulon à la Libération, député...
Frank Arnal
Pharmacien d’officine, président du syndicat des pharmaciens du Var à la veille de la Seconde Guerre mondiale, maire de Toulon à la Libération, député de 1946 à 1958, puis secrétaire d’Etat au ministère de la Marine en 1957, Frank Arnal est élu à deux reprises à la tête du Conseil national de l’Ordre :
- en 1946. Durant ce mandat, il crée la caisse vieillesse qu’il présidera et, la même année, la section E pour représenter les pharmaciens des départements d’outre-mer. En 1953, suit la création de la section F pour les pharmaciens des territoires d’outre-mer.
- en 1963. Sous son impulsion, l’institution entame de grands chantiers : élaboration d’un code de déontologie, création de la section G pour accueillir les pharmaciens biologistes suite à la loi de 1975 remaniant les conditions d’exercice de la biologie médicale. En parallèle, il soutient la transformation de la Société de pharmacie de Paris en Académie nationale de pharmacie, dont il est élu 175e président.
Pharmacien d’officine, René Gurgand est élu président du Conseil national en 1952. Son mandat est marqué par des événements structurants : évolution...
René Gurgand
Pharmacien d’officine, René Gurgand est élu président du Conseil national en 1952. Son mandat est marqué par des événements structurants : évolution de la législation concernant les produits pharmaceutiques dans l’intérêt de la santé publique, accès à l’indépendance des ex-colonies françaises supprimant « de fait » la section F ou encore le rapport Rueff-Armand de juillet 1961 proposant une modification radicale du statut de pharmacien et menaçant l’avenir de l’Ordre.
Docteur en médecine, chirurgien-dentiste et pharmacien, ancien interne des Hôpitaux de Paris, Pierre Rolland préside le Conseil national de l’Ordre de 1954 à 1958....
Pierre Rolland
Docteur en médecine, chirurgien-dentiste et pharmacien, ancien interne des Hôpitaux de Paris, Pierre Rolland préside le Conseil national de l’Ordre de 1954 à 1958. Sa triple appartenance aux professions médicales, ses vues étendues sur les problèmes pharmaceutiques déterminent son champ d’action tant sur le plan scientifique que sur le plan social. C’est à lui que l’on doit l’idée d’associer les pharmaciens à l’éducation sanitaire à travers la création, en février 1959, du Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (CESSPF, désormais CESPHARM).
Pharmacien d’officine, président du syndicat des pharmaciens du Var à la veille de la Seconde Guerre mondiale, maire de Toulon à la Libération, député...
Frank Arnal
Pharmacien d’officine, président du syndicat des pharmaciens du Var à la veille de la Seconde Guerre mondiale, maire de Toulon à la Libération, député de 1946 à 1958, puis secrétaire d’Etat au ministère de la Marine en 1957, Frank Arnal est élu à deux reprises à la tête du Conseil national de l’Ordre :
- en 1946. Durant ce mandat, il crée la caisse vieillesse qu’il présidera et, la même année, la section E pour représenter les pharmaciens des départements d’outre-mer. En 1953, suit la création de la section F pour les pharmaciens des territoires d’outre-mer.
- en 1963. Sous son impulsion, l’institution entame de grands chantiers : élaboration d’un code de déontologie, création de la section G pour accueillir les pharmaciens biologistes suite à la loi de 1975 remaniant les conditions d’exercice de la biologie médicale. En parallèle, il soutient la transformation de la Société de pharmacie de Paris en Académie nationale de pharmacie, dont il est élu 175e président.
Ardent défenseur de la création d'un Ordre national des pharmaciens, Augustin Damiens en sera le premier président Professeur de chimie minérale. Il initie la création,...
Augustin Damiens
Ardent défenseur de la création d'un Ordre national des pharmaciens, Augustin Damiens en sera le premier président Professeur de chimie minérale. Il initie la création, en 1939, du doctorat d’Etat en pharmacie. Tout au long de sa carrière, son ambition est de former des étudiants et des pharmaciens dignes de leur mission, de donner à la pharmacie des statuts adaptés au service du bien public et de fonder un Ordre national des pharmaciens gardien des intérêts moraux de la profession.
Le saviez-vous
- Dès l’Antiquité, les hommes connaissaient déjà l’utilité et la toxicité de certains végétaux et utilisaient des substances d’origine animale (viscères par exemple) et des minéraux pour se soigner. Onguents, pommades, cataplasmes, gargarismes, emplâtres, collyres sont ainsi utilisés depuis l’Antiquité.
- En France, la première école de pharmacie a été fondée au XVIe siècle. Il existe aujourd'hui 24 facultés réparties sur tout le territoire.
- Les Arabes ont tiré parti des découvertes de l’alcool et du sucre de canne pour créer des formes nouvelles de médicaments : les élixirs et les sirops.
- L’apothicaire doit, pour exercer son art, utiliser un matériel adapté : mortiers, appareils à distiller, piluliers, balances…
- L’histoire des remèdes secrets, dont l’inventeur gardait la formule , aboutit, après bien des vicissitudes, aux spécialités contemporaines fabriquées par les laboratoires pharmaceutiques.
- Les cachets et comprimés apparaissent seulement au XIXe siècle.
Des découvertes réalisées par des pharmaciens
1873
Stanislas Limousin met au point le cachet.
1832
Pierre-Jean Robiquet extrait la codéine de l'opium et isole la caféine du café.
1820
Joseph Bienaimé Caventou et Joseph Pelletier découvrent la quinine.
XVIIIe siècle
Louis-Nicolas Vauquelin découvre le chrome et le béryllium
XVIIIe siècle
Antoine Augustin Parmentier démocratise la consommation de la pomme de terre en France pour lutter contre la famine