Face à la recrudescence de fausses ordonnances hospitalières de médicaments onéreux, les pharmaciens d'officine sont appelés à redoubler de vigilance afin de détecter tout signal suspect dans le cadre de leur exercice.

Fin 2021, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) alertait sur la circulation en France de fausses ordonnances, à l’en-tête d’hôpitaux (existants ou non)  implantés en Île-de-France, à Lyon, Marseille ou encore Toulouse, concernant des médicaments onéreux. Des ordonnances souvent volées ou créées ex nihilo  sur ordinateur.

Si la liste des produits concernés évolue, les médicaments les plus recherchés par les trafiquants sont :

  • certains anticancéreux ;
  • des antiviraux destinés au traitement des hépatites virales chroniques ;
  • des stupéfiants.

Sensibiliser l’équipe officinale

« Il est important d’exercer la plus grande vigilance quand des ordonnances comportant des produits onéreux sont présentées, surtout s’il s’agit d’un patient inconnu de l’officine. D’autant plus si ce dernier ne présente pas de carte Vitale, ce qui exclut la possibilité de consulter un éventuel Dossier Pharmaceutique  », souligne Pierre Béguerie, président du Conseil central représentant les pharmaciens titulaires d’officine (section A).

Pour Jérôme Parésys-Barbier, président du Conseil central représentant les pharmaciens adjoints d’officine et autres exercices (section D), « la lutte contre les fausses ordonnances doit s’inscrire dans une démarche qualité largement partagée par tous les membres de l’équipe officinale. L’adjoint doit être moteur pour aider à porter une attention particulière sur certaines catégories de médicaments ».

En attendant la e-prescription

La e-prescription, que l’Ordre appelle de ses vœux, associée à la généralisation des messageries sécurisées, constituera une solution efficace de lutte contre les fausses ordonnances. Elle devrait être déployée d’ici à 2024.

Rappel des bonnes pratiques

Anticiper

  • Informer l’équipe officinale du risque de fausse ordonnance
  • Pratiquer le double contrôle des ordonnances

Devant une prescription

  • Réaliser une analyse pharmaceutique de l’ordonnance
  • Vérifier la cohérence de la prescription (nom des produits, association logique et habituelle, dosages, posologies)

En cas de doute, se poser les « bonnes questions »  

  • Le patient a-t-il un comportement habituel ? Est-il connu de l’officine ? Que connaît-il de la pathologie concernée ? S’agit-il d’une première délivrance ou d’un renouvellement ?
  • Est-il possible d’accéder au Dossier Pharmaceutique ?
  • Prendre contact avec le prescripteur

En cas de fraude confirmée

  • Alerter le prescripteur (s’il existe) qui pourra déposer plainte pour faux et usage de faux
  • Déposer une plainte auprès de la police ou de la gendarmerie
  • Faire un signalement auprès de l’OCLAESP