Tous Pharmaciens La revue n°25 - juillet 2024
PRIORITÉ
Transition écologique
15/07/2024
Transition écologique

Dans un questionnaire intitulé « Ensemble à nous d’agir »(1), 400 professionnels de santé ont partagé leurs initiatives écoresponsables et 40 % d’entre eux les ont mises en œuvre en moins de six mois avec des résultats visibles rapidement. Principaux facteurs de réussite : un appui sur des pratiques déjà existantes, un travail en équipe, la sensibilisation et la formation des professionnels.
Parmi les nombreuses initiatives recensées dans le cadre de cette enquête, cinq ont été présentées à l’occasion du webinaire organisé le 13 juin dernier par l’Anap(2), dont deux concernaient plus particulièrement les pharmaciens.
Des initiatives impliquant des pharmaciens
Chasse aux médicaments prescrits et non utilisés
Comment éviter de délivrer des médicaments prescrits sur ordonnance, lorsqu’ils ne sont pas utilisés ? Emmanuelle Barlerin, infirmière à domicile, et Angélique Siettel, titulaire d’officine, ont proposé à l’équipe de la Maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) d’Urfé, dans la Loire, d’harmoniser leurs pratiques par la rédaction d’un protocole d’organisation afin de sécuriser la prise en charge et limiter le gaspillage de médicaments, notamment pour les patients non autonomes. Les professionnels de la MSP se sont ainsi mis d’accord pour utiliser tous la même mention « NPD » (ne pas délivrer), inscrite au crayon effaçable sur les prescriptions, en face des médicaments dont le patient n’a pas besoin au moment de la délivrance. Finis les ronds ou les croix inscrits sur l’ordonnance.
« C’était souvent une source d’erreurs pour nous », explique Angélique Siettel, pharmacienne titulaire d’officine à Saint-Just-en-Chevalet. Résultats : moins de gaspillage et moins de stocks dans les armoires à pharmacie. « On limite aussi les risques d’une automédication inappropriée, et on joue pleinement notre rôle, en apportant aux patients le bon conseil pour l’utilisation de ces médicaments, prescrits “au cas où” », conclut Angélique Siettel.
Des pinces et des cupules métalliques au bloc opératoire
Équipé de deux plateaux techniques opératoires, le CHU de Clermont-Ferrand a réussi le pari proposé par Valérie Sautou, cheffe de pôle Pharmacie, et Audrey Enguix, pharmacienne hospitalière : supprimer les dispositifs médicaux à usage unique destinés à réaliser le badigeon chirurgical préopératoire. La procédure d’hygiène stipule deux applications successives d’antiseptique, effectuées jusqu’alors à l’aide de badigeons composés d’une tige et d’une mousse, toutes deux en plastique et préemballées dans une cupule en plastique thermoformé. L’idée a été d’opter pour l’utilisation de pinces de préhension réutilisables en métal avec des compresses jetables et des cupules réutilisables en métal, tout en respectant la procédure d’hygiène en vigueur.
Cette mesure a permis d’éviter l’utilisation de 10 000 badigeons en plastique ainsi que leur cupule et leur emballage, soit 450 kilogrammes de déchets par an et 15 000 euros d’économie pour le CHU. Les avantages ne s’arrêtent pas là : la libération de l’espace de stockage, équivalent à une palette à la PUI(3), allège les tâches de manutention et offre également un gain de place dans les arsenaux de bloc.
Transition écologique : les étudiants en pharmacie s’engagent !
La formation des futurs pharmaciens occupe, pour l’Anepf, une place centrale. Nous militons en faveur d’une intégration des notions climatiques et de santé environnementale dès la deuxième année de cursus, unités d’enseignement proposées aujourd’hui par seulement quelques facultés.
Un autre sujet qui nous semble important : l’impact des produits de santé sur l’environnement. À l’image du Nutri-Score pour l’alimentation, l’Anepf propose l’instauration d’un “Ecoscore” pour les médicaments. Ainsi, le patient pourrait choisir des médicaments et produits de santé en vente libre tout aussi efficaces, mais moins polluants en connaissance de cause.
L’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) a publié un rapport « Pour une santé à la hauteur des enjeux climatiques et environnementaux ». Il compile 34 propositions autour de 5 grands chapitres, qui placent la santé et les métiers de la pharmacie au cœur de la transition écologique.
Ce rapport met en lumière la santé environnementale comme objectif de santé publique, notamment à travers le renforcement de la prévention et de la promotion de la santé.
Le document incite également les professionnels de santé à poursuivre les efforts de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, qui s’inscrit dans le concept « One Health », véritable priorité environnementale.
Dans le cadre de ses travaux, l’association engage des réflexions autour d’une restructuration globale de la santé, intégrant, à chaque niveau, la question de la transition écologique.
« La formation des futurs pharmaciens occupe, pour l’Anepf, une place centrale. Nous militons en faveur d’une intégration des notions climatiques et de santé environnementale dès la deuxième année de cursus, unités d’enseignement proposées aujourd’hui par seulement quelques facultés. Un autre sujet qui nous semble important : l’impact des produits de santé sur l’environnement. À l’image du Nutri-Score pour l’alimentation, l’Anepf propose l’instauration d’un “Ecoscore” pour les médicaments. Ainsi, le patient pourrait choisir des médicaments et produits de santé en vente libre tout aussi efficaces, mais moins polluants en connaissance de cause. »
Amine Baide, vice-président de l’Anepf, en charge de la transition écologique et de la santé environnementale pour le mandat 2023-2024
Notes :
(1) Questionnaire de l’Anap, ministère de la Santé et Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM)
(2) Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médicosociaux
(3) Pharmacie à usage intérieur