Le saviez-vous ? Police et gendarmerie réalisent gratuitement des consultations de sûreté pour les sites et commerces qui en font la demande. Pour une pharmacie d’officine, c’est l’occasion de mieux évaluer les risques, de les anticiper et de repérer les points de fragilité liés aux locaux et équipements. Faisons le point sur ce service encore trop méconnu.

Dans le centre-ville de Maule, une commune semi-rurale des Yvelines, l’officine de Delphine A. n’a jamais été confrontée directement à une situation d’insécurité. Cependant, la pharmacienne a demandé à bénéficier d’une consultation de sûreté auprès de la brigade de gendarmerie de sa commune, afin d’anticiper les risques.

On peut aussi adresser un courrier au commandant de groupement de gendarmerie du département. Cet audit des points de vulnérabilité d’un site ou d’un commerce, en ce qui concerne la sûreté, peut être réalisé gratuitement sur l’ensemble du territoire national par un agent de la force publique – policier ou gendarme –, selon les secteurs de compétences.

À Maule, la consultation de sûreté a été assurée par l’adjudant-chef de gendarmerie, Arnaud C., qui se consacre à cette mission pour le département des Yvelines, après avoir reçu une formation spécifique de cinq semaines à l’École nationale supérieure de police (ENSP).

Une observation minutieuse

Tout au long de sa visite, qui va durer près de trois heures, l’adjudant-chef Arnaud C. délivre de nombreuses recommandations à la titulaire d’officine. Le gendarme inspecte en premier lieu les abords de l’officine et leur éclairage, puis s’attarde sur ses accès annexes. Il vérifie avec attention les mécanismes de fermeture des portes, avant de porter son regard sur la vitrine. « Elle ne doit pas être encombrée de sorte que, depuis le comptoir, l’équipe puisse porter son regard vers l’extérieur, explique-t-il. Comme les produits proposés à proximité de l’entrée sont davantage sujets aux vols, je vous conseille d’évaluer le taux de démarque inconnue dans votre officine, afin de réagencer si nécessaire l’emplacement des présentoirs et des rayons », préconise le gendarme à la pharmacienne.

Le binôme en vient ensuite à étudier comment une personne pourrait s’introduire derrière les comptoirs. "La règle générale est de s’opposer à la réalisation d’un acte délictueux. Mais si l’agresseur se montre véhément et violent, la consigne est évidemment de s’y soustraire. On cherche à protéger la vie en tout premier lieu", rappelle le gendarme.

Au-delà des éléments matériels, un point essentiel est d’anticiper, avec ses collaborateurs, les situations à risque, par exemple lors d’une réunion d’équipe. "Une fiche organisationnelle est mise à disposition pour adopter le comportement adéquat en cas d’agression."

En cas d’urgence, le bon réflexe est de composer le 17, qui donne rapidement accès à un interlocuteur en lien direct avec les patrouilles pouvant intervenir.

Des recommandations personnalisées

Le gendarme transmet dans un second temps un rapport d’étude confidentiel à la titulaire. « Cette consultation n’est pas normative. Vous êtes libre de mettre en oeuvre ou non les préconisations », indique-t-il. 

La pharmacienne souhaite prioriser les actions à déployer et les investissements nécessaires. "C’est une action sécurisante pour mon officine. Cela semble avant tout du bon sens, mais on ne prend pas toujours le temps de se poser les bonnes questions. Cet audit a permis de fixer sereinement les bases d’un cadre de travail le plus sûr possible, de bénéficier de conseils sans qu’ils nécessitent obligatoirement des changements majeurs, et de soulever quelques manquements. Je vais prendre le temps de m’y pencher. Maintenant qu’elle a été faite, cette démarche m’apparaît essentielle", reconnaît la titulaire. 

Outre les officines, la consultation de sûreté peut également concerner les agences de répartition et les laboratoires de biologie médicale.

Éric Corson
référent sécurité au Conseil régional de l’Ordre en Île-de-France, présent lors de la consultation de sûreté à la pharmacie de Maule (Yvelines)

Citation

"L’Ordre, qui compte parmi ses préoccupations la sécurité des pharmaciens, promeut la réalisation de ces consultations de sûreté. Les améliorations à entreprendre sont vivement conseillées, même si elles restent facultatives."

Quelques préconisations en matière de sûreté

  • Installer un système d’alarme présente un caractère dissuasif. Et lorsqu’il se déclenche, contacter la police ou la gendarmerie qui agira de façon adéquate. Mentionner son existence dans l’espace de vente ou sur la devanture.
  • Installer des capteurs vidéo dans l’espace où se trouve le coffre des médicaments stupéfiants et dans celui qui renferme un fonds de caisse.
  • De manière générale, utiliser des clés à carte de reproduction (seule l’usine d’origine peut procéder à un double) et les ranger dans un boîtier sécurisé (ex. : boîtier à code ou à ouverture biométrique*).
  • Privilégier des portes automatiques qui ont l’avantage de pouvoir être commandées à distance, de même que des volets métalliques ou des grilles automatiques.
  • Éviter de laisser des objets contondants ou massifs sur le comptoir (ex. : une paire de ciseaux, un bloc de scotch lesté, etc.), dont pourrait se saisir un patient « énervé ».
  • Préférer, aux abords extérieurs de la pharmacie, un allumage de la lumière par détection de présence, plutôt qu’avec un interrupteur.
  • Se faire enregistrer auprès de la brigade locale de la gendarmerie dans le cadre de « l’Opération tranquillité entreprises et commerces » pour être plus rapidement identifié lors d’un appel au 17.
  • Renforcer la cyberprotection : définir la politique d’accès à des sites Internet depuis un poste de vente, éliminer, sans les ouvrir, les courriels immédiatement identifiés comme frauduleux (consultez 17Cyber – Mon assistance en ligne).

* L’intérêt de la biométrie est la traçabilité personnelle des accès.

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