L'année 2020 a été l'illustration de la robustesse et de l'efficacité de la chaîne pharmaceutique. Pleinement engagés dans la gestion de la crise sanitaire covid-19, les pharmaciens ont garanti la continuité d'accès aux soins. La complémentarité des métiers, la forte présence pharmaceutique et la répartition équitable des établissements sur le territoire ont été déterminants.

L’Ordre national des pharmaciens réalise chaque année un panorama démographique des pharmaciens en exercice en France, afin d’analyser les évolutions des différents métiers et d’anticiper les besoins pour garantir le renouvellement de la profession, nécessaire au bon fonctionnement du système de santé. Le panorama publié pour l’année 2020 met en avant une continuité des tendances de ces dernières années. 

I – Les inscriptions à l'Ordre en 2020

Au 1er janvier 2021, on dénombrait 73 830 pharmaciens inscrits (personnes physiques) au tableau de l’Ordre, dont 2 059 l’étaient pour la première fois. Les primo-inscrits ont en grande majorité moins de 35 ans (93 %). Plus de la moitié (60 %) s’inscrit auprès de la section D, en tant que pharmaciens adjoints d’officine ou autres exercices.

Si l’on observe une faible baisse du nombre de pharmaciens inscrits entre 2019 et 2020 (-0,5 %), le nombre d’inscriptions n’a cessé d’augmenter (+0,8 % depuis 2010). Le nombre d’inscriptions s’élève à 75 049 cette année. Les pharmaciens des établissements de santé ou médicosociaux et des services d’incendie et de secours (section H), ainsi que les pharmaciens de l’industrie (section B), sont ceux qui ont enregistré les plus fortes hausses d’inscription ces dix dernières années (respectivement +30,9 % et +19 %). Les pharmaciens exerçants en outre-mer (section E) ont également été plus nombreux à s’inscrire sur la même période (+18,7 % en 10 ans) en raison de la forte augmentation des pharmaciens en établissements de santé dans ces territoires. La section G quant à elle, connaît des difficultés à se renouveler ainsi que l’indique la diminution de 13 % des inscriptions en 10 ans. 

II – Les grandes tendances 2020

L’âge moyen des pharmaciens est de 46,8 ans en 2020. On observe une progression lente de la moyenne d’âge des pharmaciens inscrits à l’Ordre (+1,3 % an en 10 ans). En effet, alors que seuls 10,5 % des pharmaciens avaient 60 ans ou plus en 2010, ils sont 18,4 % en 2020. L’évolution de l’âge de départ à la retraite explique en partie cette évolution. Pour autant, le nombre de pharmaciens de moins de 35 ans augmente, représentant désormais 21 % des pharmaciens inscrits à l’Ordre, confirmant le renouvellement de la profession.

Concernant la mobilité des diplômés, on observe que près d’un tiers des nouveaux inscrits exercent hors de leur région d’origine. On note également une progression du nombre de pharmaciens français ayant obtenu leur diplôme à l’étranger (+6,9 % entre 2019 et 2020) dont 82 % exercent en officine.

Enfin, la population des pharmaciens est toujours majoritairement féminine (68 % en 2020). La féminisation de la profession (+4,3 % en 10 ans) est liée à la présence plus importante des femmes parmi les étudiants en pharmacie. Les femmes représentent plus de 50 % des effectifs de chacune des filières pharmaceutiques, allant de 55 % en section A et C, à plus de 70 % en section H et D. 

III – Au plus près des Français pour un accès aux soins facilité 

La profession poursuit sa restructuration, en ayant de plus en plus recours aux regroupements, notamment pour les officines et les laboratoires de biologie médicale ainsi que pour les établissements de santé. La réorganisation du réseau officinal s’accélère à l’appui des évolutions réglementaires intervenues ces dernières années (SPFPL, SEL, ordonnance sur le maillage territorial). Aussi, au cours de l’année 2020, 196 officines ont fermé, un nombre cependant moins élevé qu’en 2019 (219). 45 % de ces fermetures sont dues à des regroupements ou cessions.

Malgré l’existence de territoires fragiles, le maillage pharmaceutique reste efficace sur l’ensemble du territoire. En moyenne, la distance à la pharmacie la plus proche pour l’ensemble des communes françaises est de 3,8 kilomètres. On recense en moyenne 31 officines, 7,3 laboratoires de biologie médicale et 3,6 pharmacies à usage intérieur pour 100 000 habitants. Ces indicateurs traduisent ainsi un accès harmonieux aux soins, objectif prioritaire de la mission de santé publique des pharmaciens.

Enfin, pour affiner son analyse, l’Ordre a intégré des données issues d’autres sources, entre autres sur les médecins biologistes en lien avec l’Ordre national des médecins, sur les internes, les groupements hospitaliers de territoire ou encore les postes de praticiens hospitaliers vacants. Le panorama de cette année délivre également des chiffres sur la vaccination en officine, recueillis auprès des Agences régionales de santé, et intègre de nouvelles données sur les activités des pharmaciens de la section C.

Au-delà de cette photographie “à l’instant T” de la profession, l’Ordre est engagé dans une démarche interprofessionnelle auprès de l’Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé (ONDPS) et a contribué aux travaux de la Conférence nationale qui s’est réunie en mars 2021 . Ce panorama est ainsi un outil précieux pour nourrir ces travaux prospectifs visant à assurer le renouvellement des professionnels de santé.

 

Carine Wolf-Thal, Présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens