Après une année 2021 de relative stabilisation, l’enquête réalisée par le Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE) montre que les pénuries de produits de santé sont reparties à la hausse en 2022. Les répercussions sur l’activité des pharmaciens de ville, ainsi que sur la santé et la qualité de vie des patients, sont majeures. C’est dans ce contexte général que le gouvernement français lance des actions correctives.

 

L’essentiel 

Le GPUE vient de publier les résultats de son enquête annuelle réalisée dans 29 États européens (27 États membres de l’Union + 2 États candidats), enrichie cette année de questions complémentaires utiles aux régulateurs européens. 

  • La situation s’est dégradée significativement par rapport à l’année précédente, qui était déjà à un niveau très élevé de pénuries.
  • Les ruptures affectent désormais un grand nombre de médicaments et toutes les catégories de dispositifs médicaux (DM) présentes à l’officine.
  • Le surcroît de travail qu’entraînent ces difficultés d’approvisionnement pour les pharmaciens d’officine a atteint un maximum par rapport aux trois années antérieures.

En parallèle, en France, un comité de pilotage interministériel a été constitué pour faire face aux tensions d’approvisionnement en médicaments et DM.

Ce qu’il faut retenir de l’enquête du GPUE

  • Le nombre de ruptures d’approvisionnement a augmenté dans 3/4 des États répondants. La situation reste inchangée dans le quart des pays restants. Aucun pays n’a connu d’amélioration.
  • Pour 1/4 des pays, plus de 600 médicaments étaient considérés comme manquants au moment de l’étude, soit une nette aggravation par rapport à 2021, à la même période. Toutes les classes thérapeutiques sont concernées, à commencer par les médicaments du système cardiovasculaire, du système nerveux central et les anti-infectieux (antibiotiques compris).
  • Dans la quasi-totalité des États répondants (27/29), cette détérioration s’est traduite par encore plus de désarroi et d’inconfort pour les patients, mais aussi par des arrêts de traitement, des surcoûts, des pertes d’efficacité thérapeutique, des erreurs médicamenteuses et des effets indésirables. Pour la première fois, 4 pays ont même mentionné des décès.  
  • Les 2/3 des États ont également connu des ruptures d’approvisionnement en DM et en dispositifs de diagnostic in vitro (DMDIV). Bien que les systèmes de suivi des pénuries de DM soient moins performants que pour les médicaments, ces ruptures ont été constatées pour toutes les catégories de DM dispensées à l’officine (classes I, IIa et IIb).
  • Le temps pris par l’équipe officinale pour résoudre ces problèmes est passé à 6,68 heures/semaine, ce qui est significativement supérieur à l’année 2021 (5,3 heures). La solution repose principalement sur le recours aux génériques, lorsque cela est possible (pour 27 pays), la recherche de sources d’approvisionnement alternatives ou la réalisation de préparations magistrales (18 pays) et le recours à un dosage différent en ajustant la posologie (16 pays). 
  • La gestion des pénuries se traduit aussi pour les équipes officinales par de la fatigue et de la démotivation, et par une moindre confiance des patients.

Ce qu’il faut retenir du comité de pilotage interministériel français

  • L’objectif est d’établir une nouvelle feuille de route pluriannuelle permettant de lutter contre les pénuries de produits de santé, qui sera présentée au plus tard en juin 2023. 
  • Ce plan d’actions sera construit avec les parties prenantes (représentants des patients, des professionnels de santé et des industriels).
  • Il comprend trois « chantiers » :
    • définition de la liste des médicaments dits « critiques » ;
    • réalisation d’un plan de préparation des épidémies hivernales ;
    • préparation, d’un « Plan blanc Médicaments » activable en cas de situation exceptionnelle.

Philippe Coatanéa, vice-président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens   était présent lors du lancement du comité de pilotage.

Pour aller plus loin