Du fait de leur facilité d’accès et de leur large champ de compétences, les pharmaciens sont des interlocuteurs privilégiés de la population âgée avec de multiples possibilités d’intervention.

TÉMOIGNAGE

Le point de vue de Marie-Claude Guelfi,
membre titulaire de l’Académie nationale de pharmacie

Marie-Claude Guelfi

Pour avoir exercé de nombreuses années dans des établissements hospitaliers dédiés à la gériatrie, je trouve que cette spécialité bénéficie aujourd’hui d’une image beaucoup plus positive. 
Les pharmaciens ont des atouts pour s’y impliquer à différents niveaux :

  • le dépistage a beaucoup évolué et, même si nous n’avons pas toujours été familiarisés avec cette approche, il faut s’y investir ;
  • la prévention : on voit que certains messages sont bien passés et ont apporté des résultats tangibles. La lutte contre le risque vasculaire et la prise en charge de l’HTA le prouvent. Mais des progrès restent à faire dans bien d’autres domaines : la prévention du déficit en vitamine D des personnes âgées en est un exemple parmi beaucoup d’autres ;
  • la vaccination, qui est une évolution majeure pour les pharmaciens… sans oublier qu’il n’y a pas que la grippe et la Covid qui sont à risque pour les seniors : le tétanos aussi, par exemple ! 
    Vacciner les personnes âgées offre aussi la possibilité d’avoir un contact privilégié pour mieux connaître leurs besoins et attentes ;
  • la vigilance et la promotion du bon usage des médicaments : toujours à titre d’exemple, la collecte des médicaments non utilisés (MNU) avec Cyclamed, les campagnes institutionnelles de sensibilisation à certains risques, notamment sur l’AVC, ou l’attention portée à une armoire à pharmacie pléthorique peuvent aussi être l’occasion de s’interroger sur l’observance ou d’identifier des traitements inadaptés.

Toutes ces actions concrètes s’inscrivent dans un profond changement de contexte : meilleure prise en compte des aspirations des personnes âgées, virage domiciliaire, « dédiabolisation » des EHPAD, soutien 
aux aidants… Autant d’opportunités pour renforcer la place des pharmaciens et leur reconnaissance comme professionnels de santé de premier recours. Dans cette perspective, je voudrais encourager 
les confrères à avancer sur deux points primordiaux :

  • la formation qu’elle soit initiale ou continue, notamment au travers des divers diplômes universitaires (DU) mis à disposition des facultés de pharmacie ces dernières années ;
  • l’interprofessionnalité qu’il est important de renforcer, y compris avec des professionnels que nous n’avons pas toujours l’habitude de côtoyer très régulièrement (kinésithérapeutes, ergothérapeutes, diététiciens…), au bénéfice des patients !