Depuis le xxe siècle, le vieillissement des populations est un phénomène mondial, dû à une forte réduction de la mortalité infantile et à l’allongement de l’espérance de vie, tous deux liés aux progrès de la médecine.

Grand âge : qui est concerné ?

Le vieillissement est un processus physiologique qui commence dès l’entrée dans l’âge adulte, mais la sixième décennie est marquée par des évolutions plus nettes, tant sur le plan physiologique que social (retraite). Ces évolutions montrent cependant une grande variabilité interindividuelle, notamment si une ou plusieurs maladies chroniques sont présentes, ce à quoi s’ajoute une plus grande vulnérabilité liée à des facteurs sociaux et environnementaux (mode de vie, précarité, difficulté d’accès aux soins). Si le secteur de la gériatrie n’accueille généralement que les patients de plus de 75 ans, on adopte, par convention, l’âge de 65 ans pour définir la personne âgée, à l’instar de ce qui est fait dans les études cliniques. À partir de cet âge, l’altération de notre réserve fonctionnelle est plus rapide et l’attention doit se porter sur le risque de perte d’autonomie progressive dans les décennies suivantes.

Un vieillissement de la population en forte progression

Selon l’Insee (1), le nombre de Français âgés de plus de 65 ans en 2022 est de 14,3 millions (soit 21 % de la population française), celui des plus de 75 ans de 6,7 millions (10 %) et celui des plus de 85 ans de 2,3 millions (3 %). Le vieillissement de la population constitue une tendance forte, puisque l’on estime qu’en 2050, les plus de 65 ans seront 18,9 millions (27 % de la population française), les plus de 75 ans, 11,3 millions (16 %) et les plus de 85 ans, 4,5 millions (6 %).

Cette progression résulte de deux composantes principales :

  • une natalité en nette croissance après la seconde guerre mondiale et l’arrivée dans le grand âge de cette génération dite des « baby-boomers » ;
  • une réduction de la mortalité précoce, se traduisant par une augmentation de l’espérance de vie moyenne.

En analysant plus finement cette espérance de vie sur les dix dernières années, on observe qu’elle augmente tant pour les hommes que pour les femmes, mais que la différence en faveur des femmes se réduit. L’espérance de vie sans incapacité (c’est-à-dire sans être limité dans ses activités quotidiennes) tend, elle, à progresser davantage que l’espérance de vie globale. Depuis 2008, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a augmenté de deux ans et un mois pour les femmes, et d’un an et onze mois pour les hommes (2).

(1) Insee. Estimations de population – Données actualisées au 1er janvier 2022.
(2) Insee. Statistiques d’état civil et données issues de l’enquête Statistiques sur les ressources et conditions de vie (SRCV).

Calculs Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

Des personnes âgées toujours plus dépendantes

Selon l’Insee, le nombre de personnes dépendantes chez les 60 ans et plus passerait, en France métropolitaine, de 1,2 million en 2012 à 2,3 millions d’ici à 2060.

La perte d’autonomie est liée à la survenue d’une incapacité à réaliser les tâches du quotidien, qu’elle soit liée à des troubles fonctionnels (perte de mobilité, déficits sensoriels…) ou cognitifs. Elle peut être progressive ou brutale (chute, AVC…), nécessitant une hospitalisation, voire le passage en établissement d’hébergement pour personnes âgées (EHPA (3)). Une grille d’évaluation, basée sur la capacité à accomplir dix activités physiques et mentales discriminantes, permet de mesurer la perte d’autonomie et de calculer le score de dépendance GIR (groupe iso-ressources), gradé de 6 (dépendances les plus légères) à 1 (les plus élevées). Les personnes classées en GIR 1 à 4 peuvent bénéficier de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), qui prend en charge une partie des frais facturés aux résidents en établissement.

(3) Ce terme recouvre l’ensemble des établissements accueillant des personnes âgées : EHPAD (80 % des résidents), EHPA médicalisés, EHPA non médicalisés, résidences autonomie et unités de soins de longue durée des hôpitaux.

Évolutions récentes des passages en institution

Tous les quatre ans, la Drees (4) réalise une enquête sur la population résidant en EHPA (5). Soit, à fin 2019, 730 000 personnes dont la moitié a plus de 88 ans (sept mois de plus qu’en 2015). En parallèle, le niveau moyen de dépendance des résidents s’accroît, 85 % d’entre eux étant en perte d’autonomie (GIR de 1 à 4) contre 83 % en 2015. Les hommes vivant en institution sont plus jeunes que les femmes, ce qui correspond à la différence d’espérance de vie entre les deux sexes.

Le passage en institution (à partir du domicile, dans 50 % des cas) est en moyenne plus tardif : en 2019, les entrants sont, en moyenne, de trois mois plus âgés (85 ans et cinq mois) que ceux arrivés durant l’année 2015, eux-mêmes ayant neuf mois de plus que ceux entrés en 2011. L’hébergement temporaire est aussi en nette progression (+ 23 %). Si 69 % des sorties d’EHPAD enregistrées en 2019 sont dues à des décès (survenant en majorité dans l’établissement), plus du quart des fins de séjours correspondent à des sorties décidées à l’initiative du résident. Lorsque ces derniers quittent l’établissement pour un motif autre que le décès, c’est, dans la moitié des cas, pour se diriger vers un autre établissement médico­social ou sanitaire ou pour rejoindre leur domicile ou celui d’un proche (47 %). Les retours à domicile achèvent des périodes de séjour relativement courtes, d’en moyenne six mois.

(4) Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques – Ministère chargé des Solidarités et de la Santé.
(5) Drees. Études et résultats. Paris, juillet 2022 ; n° 1237