Lundi 21 novembre, l’Ordre national des pharmaciens a tenu sa Journée annuelle. L’occasion de montrer sa mobilisation pour avancer de façon collective et coordonnée afin de redonner de l’attractivité à la profession, de faciliter l’accès aux soins des patients et de relever le défi de l’urgence climatique. 

Les pharmaciens et les acteurs de la santé étaient conviés à cette journée marquée par plusieurs temps forts.

Des pharmaciens pour répondre aux besoins de santé de chaque patient : priorité dans l’allocution des ministres

Les deux ministres en charge de la Santé, François Braun et Agnès Firmin Le Bodo, se sont adressés aux pharmaciens réunis à la Maison de la Chimie et à ceux présents en visioconférence. 

Auparavant, et après avoir débuté son allocution par le sujet de préoccupation majeur qu’est l'attractivité du métier de pharmacien, Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre de pharmaciens (CNOP), a rappelé les propositions collégiales concrètes remises aux ministres par le Comité de liaison des institutions ordinales - CLIO Santé. Le sens de ces propositions ? Libérer du temps médical et améliorer la prise en charge des Français. « Forts de leur compétence et de leur répartition homogène sur le territoire, les pharmaciens sont en mesure d’assurer une prise en charge de premier recours là où la démographie médicale est insuffisante et où le patient ne peut recourir en première intention à un médecin traitant ». Elle a également souligné que la prévention occupait une place prépondérante dans les missions quotidiennes effectuées par les pharmaciens, qu’ils étaient prêts à aller encore plus loin. Des propositions qui ont retenu l’attention des ministres. 

  • Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Prévention, chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, a précisé qu'il s'agissait de propositions permettant de répondre à l’enjeu majeur de l’accès aux soins de nos concitoyens, et a salué l'implication de l'Ordre des pharmaciens dans les propositions du CLIO Santé. En tant que pharmacien de profession, elle a incité ses confrères à participer au Conseil national de la refondation (CNR) santé qui se déroule dans les territoires. La ministre a également rappelé que « les pharmaciens sont des acteurs incontournables de la démocratie sanitaire car en lien direct avec les citoyens». Elle a ajouté que « la profession de pharmacien est une profession en profonde mutation. Elle a et continuera à avoir un rôle clé dans un système qui tend vers plus de coordination entre toutes les professions, au bénéfice des patients et de la population ». 
  • Le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun a souligné le rôle essentiel des pharmaciens. « Acteurs indispensables du maillage territorial qui font partie de nos priorités. Nous souhaitons renforcer vos missions », a-t-il déclaré. Le ministre a notamment rappelé que le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023 prévoit d’étendre la prescription des vaccins aux pharmaciens. Mais les droits s’accompagnent de devoirs : « Il est urgent de se mettre en conformité avec la sérialisation. Notre retard nous expose à des amendes de la part de la Commission européenne. Nous allons donc prévoir des sanctions », a affirmé le ministre.

Quant au code de déontologie, le ministre a évoqué un délai souhaité par l’Ordre. Force est de constater que l’Ordre n’a pas la même lecture de l’état d’avancement, en l'occurrence non satisfaisant, des travaux. Il réitère donc ses attentes à l’égard du ministère.

L’attractivité au cœur des défis pour la pharmacie

Autre temps fort de la journée, la table ronde des présidents des Conseils centraux et du Conseil national. L’occasion pour chacun d’entre eux de réaffirmer leur volonté de travailler de façon collégiale et coordonnée, et d’exposer leurs enjeux prioritaires, avec pour constante l’attractivité de la profession.

  • Le président du Conseil central de la section A (représentant les pharmaciens titulaires d’officine), Bruno Maleine a souligné l’équation difficile de 15 000 postes non pourvus à l’officine dans un temps où les pharmaciens se voient confier de nouvelles missions. Il a annoncé l’organisation en décembre d’un séminaire « attractivité » rassemblant les conseils régionaux et rappelé  quelques  autres priorités de son mandat telles que la Démarche Qualité à l’Officine (DQO) et l’accompagnement de la profession dans la transition numérique.
  • Le président du Conseil central de la section B (représentant les pharmaciens de l’industrie), Stéphane Simon, a souligné la vulnérabilité du système français précisant que l’évolution de la réglementation européenne pourrait menacer le rôle, primordial, du pharmacien responsable (PR). Il a aussi mis l'accent sur l’action de l’Ordre pour lutter contre les ruptures d’approvisionnement. 
  • La présidente du Conseil central de la section C (représentant les pharmaciens de la distribution en gros), Laure Brenas, a appelé à la facilitation des passerelles entre métiers, alors que les métiers de la distribution sont méconnus dans la profession. La section travaille également à la mise en place d’outils au service des pharmaciens comme l’annuaire dématérialisé des pharmacies à usage intérieur (PUI) ou l’ouverture du DP-Rappels pour les grossistes-répartiteurs. 
  • Le président du Conseil central de la section D (représentant les pharmaciens adjoints d’officine et autres exercices), Jérôme Parésys-Barbier, a souhaité amplifier la visibilité du rôle des élus dans l’accompagnement de tous les inscrits de sa section pour asseoir les missions ordinales. La section veut faire des élus des interlocuteurs incontournables dans chaque région vis-à-vis des autorités de santé, en collaboration avec la section A. 
  • La présidente du Conseil central de la section E (représentant les pharmaciens des départements et collectivités d’outre-mer), Brigitte Berthelot-Leblanc, dont l’une des priorités est de faire valoir les spécificités des territoires ultra-marins, a souligné les difficultés de recrutement dans ces territoires et d’approvisionnement en médicaments.
  • Le président du Conseil central de la section G (représentant les pharmaciens biologistes médicaux), Philippe Piet, a plaidé pour la reconnaissance des compétences des biologistes médicaux qui pourraient faire bien plus dans un contexte de difficulté d’accès aux soins : prolonger la validité d’une ordonnance d’examens de biologie médicale ou encore ajuster les posologies.
  • Le président du Conseil central de la section H (représentant les pharmaciens des établissements de santé ou médicosociaux et des services d’incendie et de secours), Patrick Rambourg, a insisté sur la nécessité de mieux faire connaître les possibilités de coopération et de mutualisation des activités de production entre PUI (ex : stérilisation, préparation de doses à administrer (PDA)…) et de renforcer le rôle du pharmacien dans le cadre de la pharmacie clinique.
  • Pour remédier au manque d’attractivité ainsi constaté, l’Ordre agit. Carine Wolf-Thal a annoncé une feuille de route, fruit d’un travail collectif avec l’ensemble des parties prenantes de la profession (étudiants, doyens). À l’image d’une fusée, plusieurs étages d’actions complémentaires : campagne de promotion des métiers de la pharmacie, visibilité de la filière Pharmacie dans le cadre de Parcoursup, développement de passerelles en cours d’exercice et impact de la réforme PASS (parcours accès spécifique santé)/LAS (licence accès santé).

L’urgence climatique : l’enjeu premier 

La profession, dont la prise de conscience environnementale a démarré il y a plusieurs années déjà  (promotion de la juste consommation des produits de santé, réduction et tri des déchets liés à ceux-ci, lutte contre l’écotoxicité des médicaments…) a écouté avec un grand intérêt Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et coprésidente du groupe n°1 du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). « C’est le moment d’agir et chaque décision compte ». Le CNOP va lancer une feuille de route renforcée d’un plan d’action « environnement & santé ».

Une année de jurisprudence

Martine Denis-Linton - conseillère d’État et présidente de la Chambre de discipline du CNOP - a dressé le bilan de l’année 2021 en matière de jurisprudence ordinale. Une année marquée par un nombre de procédures supérieur à 2020 expliqué par un rattrapage post-Covid. 

Elle est également revenue sur les incidences de la publication du décret n°2022-381 du 16 mars 2022 qui modifie la procédure disciplinaire. Le raccourcissement des délais de jugement en constitue l’avancée majeure.

Le prix de l’Ordre 2022

Le prix a été décerné à Laurence Spiesser-Robelet pour le projet partage GHT 49. Un bel exemple de projet de coordination ville-hôpital en faveur de la prise en charge médicamenteuse des patients âgés. 

Pour en savoir plus sur le projet 

Accédez au replay de la Journée de l’Ordre, ici