Patrick Mazaud est membre élu au Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) pour la section H(1) et référent pour tous les sujets liés au développement du numérique en santé. Par son engagement personnel, il témoigne de l’implication des différents conseils de l’Ordre face aux défis du futur.

"J’ai toujours pensé qu’il fallait être à l’écoute des initiatives intéressantes et les inscrire dans une approche collective, plutôt que locale."  Patrick Mazaud, conseiller ordinal au sein du Conseil national pour la section H.

Une transition numérique en constante évolution

L’Ordre a toujours été précurseur dans le domaine du numérique, en anticipant les évolutions pour la profession. Dans le livre vert produit par l’Ordre en 2018(2), nous avions fait des propositions ambitieuses, qui se sont concrétisées, telle que « l'interopérabilité des systèmes » (3) ou le seront prochainement (ordonnance numérique, par exemple). D’autres innovations technologiques se sont développées entre-temps, comme l’intelligence artificielle qui a déjà des applications très concrètes dans le secteur de la distribution en gros, par exemple, où elle permet notamment d’optimiser très rapidement des mesures de contingentement face aux ruptures de produits. Pour toutes ces évolutions, l’Ordre est l’interlocuteur de droit des autorités compétentes (ministère, ANS [4], ANSM [5]…) et dialogue également avec les diverses parties prenantes, dont les représentants d’autres professions de santé ou les éditeurs de logiciels.

Équilibrer réglementation et réalité du terrain

Lorsque des projets de réglementation sont soumis à l’Ordre, nous y apportons la vision du terrain : le but est de trouver le juste équilibre entre les futurs textes et le besoin collectif. Certes, l’arrivée de nouveaux outils numériques nécessite, pour chacun, l’acquisition de bons réflexes, mais le prérequis est qu’elle n’entraîne pas une perte de temps, qui se ferait au détriment de l’expertise scientifique du pharmacien.

Améliorer l’accompagnement des patients

L’un des objectifs principaux de la transition numérique est de fluidifier l’échange de données, ce qui a de multiples conséquences. Je prendrais l’exemple des données hautement sensibles, concernant le patient. Les pharmaciens, qu’ils soient officinaux, biologistes ou hospitaliers, sont au centre de son parcours de soins. Celui-ci sera optimisé grâce à de nouvelles possibilités d’échanges entre nos métiers, avec des exigences de sécurité élevées, déjà en vigueur pour le Dossier Pharmaceutique (DP). Les échanges avec les autres professionnels de santé et le patient lui-même devront répondre aux mêmes exigences. Le cadre déontologique va donc évoluer et l’Ordre veillera toujours au respect de valeurs fondamentales que je résumerais ainsi : éthique, efficacité et confiance.

À l’écoute des confrères

Les pharmaciens d’un même métier ont plus ou moins des besoins identiques. J’ai toujours pensé qu’il fallait être à l’écoute des initiatives intéressantes et les inscrire dans une approche collective, plutôt que locale. Pour trouver des solutions génériques profitables à tous, il faut pouvoir se dire les choses : élire un conseiller de votre section, en qui vous avez confiance et qui peut vous accompagner dans ces évolutions futures, est donc bien un moyen de vous faire entendre.

(1) Représentant les pharmaciens des établissements de santé ou médicosociaux et des services d’incendie et de secours.

(2) Pharmacie connectée et télépharmacie, c’est déjà demain ! Ordre national des pharmaciens, octobre 2018.

(3) Ségur du numérique en santé : état des lieux du développement de la vague 1 (28 septembre 2023).

(4) Agence du numérique en santé.

(5) Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.