Pouvez-vous partager votre vision pour l’avenir de la profession ?

Tous nos métiers, dans l’Hexagone comme en outre-mer, sont en train de vivre de profondes mutations. Elles invitent ainsi l’Ordre, qui en est parfois à l’initiative, à les accompagner et surtout à toujours mieux valoriser le rôle des pharmaciens dans un contexte de transformation de l’ensemble du système de santé. Les enjeux sanitaires et les politiques de santé publique, déclinés à l’échelle nationale et internationale constituent des indices déterminants à prendre en considération.

Je porte l’ambition, dans ce prochain mandat, que l’Ordre reste pleinement connecté aux pharmaciens et aux patients. Pour cela, il est essentiel que nous consolidions, tout d’abord, les liens entre nos instances. Ce n’est qu’unis, forts de nos différences mais tournés vers le seul objectif de santé publique, que nous pourrons relever les défis qui se présenteront, comme nous avons su en démontrer la capacité par le passé. Nous devons également engager une large réflexion autour du fonctionnement de notre institution et des textes qui la régissent, dans un objectif d’adaptation nécessaire à l’évolution de nos missions. J’en ferai ma priorité, sur la base d’une concertation de tous.

Quelles vont être vos priorités pour ce nouveau mandat ?

Ce mandat s’articulera autour de deux priorités orientées vers l’évolution de l’exercice et la consolidation de nos fondamentaux.

Adapter l’exercice professionnel aux défis de l’évolution du système de santé

Nous devons d’abord accompagner l’évolution profonde des métiers. Cela passe par une approche décloisonnée, coordonnée, sécurisée de l’exercice pharmaceutique et de la biologie médicale. Il nous faut poursuivre dans ce sens le dialogue avec les autres Ordres de santé. Nous souhaitons aussi formuler des propositions pour simplifier le parcours de soins et veiller notamment à la place de la biologie médicale. Nous devons également maintenir une présence de proximité des pharmaciens sur les territoires, grâce au maillage actuel, et soutenu en cela par une chaîne de distribution en gros forte et indispensable. Notre action devra reposer sur un dispositif de communication dynamique rendant encore plus visible le rôle et les actions de l’Ordre auprès de nos confrères, au plus proche de leurs préoccupations.

Une autre priorité pour ce mandat : soutenir le développement du numérique et de l’intelligence artificielle en faisant du Dossier Pharmaceutique un outil incontournable de partage de données de santé dans Mon Espace Santé et de lutte contre les ruptures de médicaments. L’accompagnement de l’émergence de l’intelligence artificielle dans nos métiers sera également un axe de travail.

À l’échelle européenne et internationale, l’Ordre doit anticiper les textes à venir, comme la directive médicament et ses possibles effets sur la pharmacie, notamment sur l’industrie pharmaceutique, et contribuer à la lutte contre les ruptures, pour garantir un accès à des produits de santé sûrs et de qualité. La prévention sera une autre priorité forte pour permettre à tous les pharmaciens d’en devenir les acteurs majeurs, en développant leurs missions de vaccination, de dépistage des maladies chroniques ou transmissibles, d’accompagnement pour mieux prévenir les facteurs de risque. Il est par ailleurs primordial de mener une réflexion autour du rôle du pharmacien dans le virage domiciliaire et le suivi des personnes en perte d’autonomie.

Enfin, il nous faut œuvrer pour l’attractivité de nos métiers et une démographie pharmaceutique permettant de répondre aux enjeux de santé, en agissant sur les politiques de formation initiale et de recrutement des pharmaciens afin de répondre aux attentes en matière de soins pour les années à venir, grâce notamment à une campagne de valorisation des métiers renouvelée.

Veiller à la compétence et à la formation, c’est s’engager sur la nécessaire montée en compétence des pharmaciens au regard de l’évolution des métiers, au travers de la formation initiale et continue et de la certification, en privilégiant une approche pragmatique des métiers de la pharmacie afin de permettre des parcours diversifiés au cours des carrières.

Faire avancer la profession, c’est aussi promouvoir ses projets lors des débats parlementaires, en construisant, avec les autorités de tutelle et le Parlement, des relations constructives en soutien de nouvelles mesures.

Nous poursuivrons également nos efforts en matière de transition écologique, pour tendre vers un exercice plus durable et responsable, vers un exercice « décarbonné » de nos métiers, plus durable, plus responsable.

Garantir les fondamentaux de notre institution

L’indépendance professionnelle des pharmaciens doit rester un pilier. Nous veillerons à ce que les évolutions du système de santé continuent à la garantir.

Les valeurs déontologiques portées par le nouveau code de déontologie, prochainement publié, donneront lieu à une large campagne de sensibilisation auprès des pharmaciens pour en faciliter l’appropriation. L’Ordre doit rester exemplaire dans ses missions avec la poursuite des travaux déjà entrepris sur la conformité (loi anti-cadeaux, développement professionnel continu [DPC], certification…) et ceux à venir (plan d’action sur la procédure disciplinaire, conflits d’intérêts), tout en veillant à maîtriser ses coûts.

Enfin, nous devrons poursuivre nos actions de sensibilisation pour lutter contre les discriminations et violences sexistes dans la profession, en interaction avec les pouvoirs publics.

Carine Wolf-Thal
présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens

Carine Wolf-Thal,

« Ce n’est qu’unis, forts de nos différences mais tournés vers le seul objectif de santé publique, que nous pourrons relever les défis qui se présenteront, comme nous avons su en démontrer la capacité par le passé. »

Quel message souhaitez-vous adresser aujourd’hui à vos confrères ?

Je m’engage à mener à bien l’ensemble de ces travaux. Je sais pouvoir compter sur votre mobilisation et votre implication, et vous pouvez compter en retour sur les miennes. J’œuvrerai dans un esprit de partage et de cohésion, de concertation, d’équité et de transparence. Écrivons ensemble cette nouvelle page !

En quelques dates

  • En 1991 : diplômée de la faculté de Châtenay-Malabry, avec une expérience transverse au sein d’un laboratoire de recherche en biologie, puis dans un laboratoire pharmaceutique international en tant que responsable européen de développement clinique.
  • Depuis 2007 : titulaire d’officine à Rouen.
  • De 2012 à 2015 : présidente du Conseil régional de Haute-Normandie.
  • De 2015 à 2017 : élue membre du Conseil national.
  • Depuis 2017 : élue présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens.