Démographie pharmaceutique : les grandes tendances au 1er janvier 2025

L’Ordre réalise chaque année son panorama démographique des pharmaciens en exercice en France et hors Hexagone, un outil de référence et une source de données précieuse pour analyser les évolutions et alimenter d’autres études de projection ou visant à anticiper les besoins. En 2024, les pharmaciens n’ont jamais été aussi nombreux et aussi jeunes depuis les dix dernières années. Le nombre d’inscriptions à l’Ordre a globalement augmenté, essentiellement en section D, représentant les pharmaciens adjoints d’officine et autres exercices, en section H, représentant les pharmaciens des établissements de santé ou médicosociaux et des services d’incendie et de secours (SDIS), et en section E, représentant les pharmaciens des départements et collectivités d’outre-mer. Cependant, ces signes encourageants pour l’attractivité ne doivent pas masquer certains points de vigilance, à commencer par les fermetures de quelque 260 officines dans l’Hexagone cette année.

Décryptage

Au 1^er janvier 2025, 75 080 pharmaciens étaient inscrits à l’Ordre, soit une hausse de 1,2 % par rapport à 2023, et de 2,7 % en dix ans. Après une courte période de stabilité, c’est la deuxième année consécutive où le nombre d’inscriptions au tableau de l’Ordre augmente. Cette dynamique est portée par l’arrivée de près de 3 000 nouveaux inscrits (+ 15,3 % par rapport à 2014), si bien que, en 2024, près d’un pharmacien sur quatre (23 %) a moins de 35 ans (+ 1,1 point en dix ans).

À l’échelle des métiers, la répartition des pharmaciens reste stable par rapport à l’année précédente. L’officine concentre la majorité des inscrits : 39,6 % des pharmaciens en exercice sont inscrits en section D (adjoints d'officine et autres exercices) et 32,3 % en section A, représentant les pharmaciens titulaires d’officine.  Les pharmaciens des établissements de santé, médicosociaux et SDIS (section H) constituent 10,2 % des inscrits, les biologistes médicaux (section G) 9 %, les pharmaciens de l’industrie (section B) 5,4 %, et les pharmaciens de la distribution en gros (section C) 0,8 %. Enfin, 2,7 % des pharmaciens exercent en outre-mer (section E).

Un renouvellement générationnel

Avec un âge moyen de 42 ans, la section B est la plus jeune et confirme son attractivité (+ 17,5 % en dix ans) grâce aux perspectives et à la diversité qu’offre la filière industrielle. 

Bien qu’étant la deuxième section avec la moyenne d’âge la plus élevée, la section A voit l’âge moyen de ses inscrits diminuer de 1,1 an entre 2014 et 2024 (passant de 50,2 à 49,1 ans). Portée par 67,9 % des nouveaux inscrits en 2024, la section D poursuit sa croissance (+ 2,6 %). Le nombre de pharmaciens d’officine intérimaires est en progression, passant la barre des 4 000 en 2024, soit un bond de 11,9 % entre 2023 et 2024 après une hausse de 15,7 % entre 2022 et 2023.

Exercer en outre-mer attire de plus en plus. Le nombre d’inscrits en section E se voit croître en 2024 (+ 2 % en un an), et le nombre de premières inscriptions a augmenté de 21,9 % sur la période. Parmi ces primo-inscrits, près de la moitié s’inscrivaient aussi pour la première fois à l’Ordre, ce qui représente une hausse de 78,1 % en dix ans. 

La section H voit son nombre d’inscrits progresser (+ 2,3 % en un an) en cohérence avec l’augmentation du nombre de postes d’internes depuis plusieurs années : de 401 à la rentrée 2023-2024, le nombre de places au concours de l’internat s’élève à 441 pour celle de 2024-2025.

Autres signes de rajeunissement, la diminution de l’âge médian (de 47 à 45 ans) ainsi que l’élargissement de la base de la pyramide des âges entre 2014 et 2024 témoignent des prémices d’un renouvellement générationnel.

Dernier fait notable : les étudiants ayant effectué leurs études à l’étranger reviennent exercer en France. En 2024, parmi les nouveaux inscrits, 8,1 % sont diplômés hors Hexagone, dont plus de 90 % de l’Espace économique européen (EEE) – pour la majorité en provenance de la Belgique, la Roumanie et de l’Espagne – ou de la Suisse.

Des points de vigilance

Pour autant, il existe plusieurs indicateurs qui incitent à la prudence. En 2024, le nombre d’officines continue de baisser (–260) pour s’établir, au 1er janvier 2025, à 20 242 sur l’ensemble du territoire. Conséquences : le nombre de titulaires d'officine enregistre une légère diminution (–1,3 % en 2024 dans l’Hexagone), alors que les nouvelles missions en officine sont en plein essor. À noter que les nouveaux inscrits en section A privilégient les officines de plus grosses tailles au détriment des officines de proximité.

Du côté de la pharmacie hospitalière en France métropolitaine, on relève une diminution du nombre de pharmacies à usage intérieur (PUI) dans les établissements publics (–1,9 % depuis 2023) et privés (–2,6 % depuis 2023), à laquelle s’ajoutent 17 % de places vacantes selon le CNG (Centre National de Gestion des praticiens hospitaliers et des personnels de direction de la fonction publique hospitalière) (qui ne concernent que les postes en établissements publics). Ces tendances s’observent également en outre-mer, de manière encore plus marquée : le nombre de PUI est en diminution (-5,7 % depuis 2023) et 25,9 % des postes en pharmacie hospitalière sont vacants. Enfin, pour les biologistes médicaux, malgré une légère hausse entre 2022 et 2024 (+ 0,9 %) dans l’Hexagone, principalement liée à la reprise d’activité des biologistes de plus de 65 ans, on observe une baisse des effectifs de 10 % entre 2014 et 2024. De même, la légère baisse des effectifs dans la distribution en gros (–4,3 % en un an en France métropolitaine) contraste avec la demande de pharmaciens pour ce secteur.

Tous ces constats contrastent avec des besoins en santé qui s'accroissent et des métiers qui évoluent.

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