Dans son rapport publié en septembre, la Cour des comptes démontre que le bon usage des produits de santé est un levier important pour améliorer la santé publique, maîtriser les dépenses et réduire le gaspillage. Dans ses recommandations, elle met en avant le rôle essentiel des pharmaciens.

Améliorer le bon usage des produits de santé est une priorité selon la Cour des comptes qui, dans un rapport publié en septembre, en souligne les multiples enjeux. Les répercussions du mésusage sur la santé publique persistent, dans un contexte où les dépenses de remboursement des produits de santé croissent. La consommation de certains produits de santé durablement élevée, comme les antibiotiques alors que la résistance des bactéries augmente, les préoccupations environnementales et les tensions d’approvisionnement, renforcent également la nécessité d’actions.

Mieux connaître les usages des produits de santé

La Cour des comptes constate une large méconnaissance des usages des produits de santé. Elle souligne notamment la nécessité de mieux connaître et maîtriser les modalités de prescription, de dispensation, et de comprendre pourquoi certains produits sont détruits sans avoir été utilisés.

Intensifier les leviers d’action auprès des prescripteurs libéraux

Il est notamment préconisé d’étendre les dispositifs d’accompagnement de la prescription mis en place pour les analogues du GLP-1 et les antalgiques de palier II à d’autres médicaments présentant un fort risque de mésusage.

Renforcer le rôle des pharmaciens

La Cour des comptes souligne le rôle décisif des pharmaciens d’officine dans la lutte contre l’antibiorésistance, à travers la réalisation des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) angine et cystite. Elle préconise d’intensifier le recours à ces tests et d’inciter ainsi les patients à se rendre directement chez leur pharmacien.

Elle met en avant le rôle central des pharmacies à usage intérieur (PUI) dans l’approvisionnement, la dispensation et le bon usage des produits de santé au sein des établissements de santé. Elle pointe également la contribution des pharmaciens à la réduction des dépenses de santé grâce à la substitution par un médicament générique, progressive ment étendue aux médicaments biosimilaires.

Promouvoir l’utilisation des systèmes d’information et leur interopérabilité

Le rapport souligne que les systèmes d’information ne contribuent encore que très partiellement au bon usage des produits de santé, leur développement et leur utilisation effective par les professionnels étant insuffisants.

Le dossier médical partagé (DMP) est encore trop peu consulté et alimenté par les professionnels de santé, y compris par les pharmaciens : les notes de vaccination, par exemple, n’y sont pas systématiquement déposées. Quant à l’interopérabilité entre les systèmes d’information, elle demeure encore trop limitée. La Cour recommande notamment d’intégrer dans le DMP du patient les données relatives aux médicaments dispensés figurant dans le Dossier Pharmaceutique (DP).

Agir sur l’offre des produits de santé émanant des industriels

La Cour recommande de mener des actions avec les industriels, pour les inciter à adapter les conditionnements des produits de santé aux durées de prescription recommandées et à optimiser les délais de péremption. Elle considère aussi que la re-dispensation des médicaments non utilisés pourrait être étudiée, en particulier pour les médicaments onéreux. L’expérimentation d’une telle approche pour les médicaments anticancéreux délivrés en rétrocession hospitalière est actuellement envisagée par les administrations centrales chargées de la santé en France. Certains dispositifs médicaux pourraient également être soit réutilisés après stérilisation, soit réemployés après avoir été réparés ou remis en bon état d’usage, soit retraités ou recyclés.

De 561 millions à 1,735 milliard d’euros

c’est la valeur estimée des médicaments non utilisés rapportés en ville chaque année

En savoir plus : 

Bon usage des produits de santé : rapport de la Cour des comptes, actualité du 9 octobre 2025, Cespharm