Dans un contexte de désertification médicale, l’Ordre est mobilisé pour protéger la présence pharmaceutique sur tous les territoires, indispensable pour garantir l’accès aux soins.

Depuis l’été dernier, l’Ordre s’est fortement engagé aux côtés des acteurs de la profession pour obtenir la suspension de la mesure fixant de nouveaux plafonds pour les remises sur les médicaments génériques, hybrides et biosimilaires, afin de préserver un maillage officinal équilibré sur tout le territoire. 

Dans une lettre ouverte du 15 septembre, la présidente du Conseil national, Carine Wolf-Thal, et le président du Conseil central A (représentant les pharmaciens titulaires d’officine), Bruno Galan, ont alerté le Premier ministre et les parlementaires. Après un entretien avec le Premier ministre, Sebastien Lecornu, la profession a obtenu, début octobre, une première victoire pour les pharmaciens et pour la santé publique, avec la suspension de la mesure pour au moins trois mois. L’Ordre reste pleinement engagé pour que cette suspension soit pérennisée. Un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 a d’ailleurs été adopté afin de remettre ces plafonds dans la loi (le texte a été adopté en seconde lecture à l’Assemblée et le processus parlementaire n’est pas achevé).

Agir sur le terrain

Dans le cadre d’un cycle de rencontres sur le terrain lancé en septembre, une délégation ordinale, composée de Jocelyn Coutable, président du CROP Pays de la Loire, Pierre-Antoine Baysse, vice-président de ce même CROP, Bruno Galan et Carine Wolf-Thal, s’est rendue dans une officine de Mayenne afin de mettre en valeur l’action de santé publique essentielle, menée par les pharmacies situées en territoires fragiles, et sensibiliser les élus locaux, notamment Jean-Carles Grelier, député de la Sarthe, et Élisabeth Doineau, sénatrice de la Mayenne.

Dans la continuité de cette première étape, des élus locaux et des représentants de l’Ordre, dont Brigitte Berthelot-Leblanc, présidente du Conseil central E (représentant les pharmaciens des départements et collectivités d’outre-mer), et Claude Marie-Joseph, président de la délégation de la Martinique, se sont réunis à Fort de France pour aborder les enjeux spécifiques du maillage pharmaceutique de l'île.  Ce département fait en effet face à des fermetures, notamment liées à des créations surnuméraires autorisées de manière dérogatoire par le passé, dans un territoire confronté aujourd’hui à une baisse importante de sa population. Dans le même temps, le département avec la population la plus vieillissante de France aura de plus en plus besoin de l’accompagnement des pharmaciens.

Garantir l’accès aux soins

L’engagement de l’Ordre s’accompagne également d’initiatives concrètes en faveur de l’accès aux soins, telles que la demande de généralisation de l’expérimentation OSyS (Orientation dans le système de soins). Une demande prise en compte par le Gouvernement qui a intégré ce point dans le PLFSS pour 2026, en étendant les missions de premier recours de l’ensemble des pharmaciens d’officine. Le Gouvernement entend aussi faire participer les officines, particulièrement celles situées dans les territoires fragiles, au réseau France santé, réunissant des structures de soins de premier recours fournissant une offre de services socle.

De même, pour lutter contre les déserts médicaux et maintenir un réseau officinal de proximité, l’Ordre porte auprès des pouvoirs publics des solutions adaptées aux réalités locales – comme le déploiement sur la France entière de l’expérimentation des antennes de pharmacie, mesure qui a été également adoptée dans le PLFSS et qui sera suivi d’une généralisation en juillet 2027 – plutôt que des mesures qui risqueraient de fragiliser encore les officines existantes.

Carine Wolf-Thal
présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens

Carine Wolf-Thal,

« Aujourd’hui, la pharmacie et les pharmaciens sont souvent le seul point d’accès au système de santé, dans les territoires ruraux comme en milieu urbain. Il est donc essentiel, pour des questions de santé publique, de préserver le maillage pharmaceutique et cette proximité avec la population. »