La section B de l’Ordre national des pharmaciens publie les résultats d'une enquête sur l’attractivité de la filière, menée par Junior ESSEC auprès d’étudiants et de pharmaciens de cette filière, diplômés depuis moins de cinq ans, ainsi qu’une étude qualitative complémentaire sur les compétences différenciantes des pharmaciens de l’industrie.

Le métier de pharmacien de l’industrie est exercé par 5 % des pharmaciens et offre une variété de possibilités de spécialisations et de conduite de diverses missions (recherche et développement clinique, galénique, fabrication, contrôle, qualité, marketing, affaires réglementaires, pharmacovigilance, sécurisation de la distribution etc.).

Malgré la richesse de ces missions et spécialisations, l’Ordre constate une perte d’attractivité de ces métiers, qui se solde par de fortes tensions de recrutement et une hausse des places non pourvues parmi les promotions d’étudiants en deuxième année.

L’Ordre a fait appel à Junior ESSEC, avec pour objectifs :

  • d’enquêter sur l’attractivité de l’industrie pharmaceutique ;
  • d’identifier les compétences différenciantes et leur perception auprès des pharmaciens de l’industrie.

Attractivité du secteur

Pour le panel de 504 étudiants et pharmaciens de cette filière diplômés depuis moins de cinq ans, interrogés lors de de cette enquête sur l’attractivité des métiers de l’industrie en juin 2024, les attraits de leur profession sont nombreux : pluralité des métiers (69 % à 85 %), collaboration avec des équipes pluridisciplinaires, travail en groupe, perspectives d’évolution professionnelle et opportunités de travailler à l’international ainsi qu’avec l’intelligence artificielle (IA), plus développée dans cette filière.

En effet, dans les missions offertes par l’industrie, les étudiants sont séduits par l’intégration des nouvelles technologies et des biotechnologies (58,2 %), quand leurs aînés y voient un moyen d’être au cœur des interactions entre les autorités de santé, les professionnels, mais aussi les patients (51 %).

Autre mission jugée attrayante : participer au pilotage des différentes étapes du circuit du médicament (près de 50 % des répondants). Les participants apprécient également la formation complète et de haut niveau, qui combine connaissances scientifiques – notamment sur le cycle de vie du médicament – et compétences en affaires réglementaires. Autant d’atouts fortement plébiscités dans le monde industriel et recherchés par les recruteurs.

Compétences différenciantes

En complément, l’étude qualitative s’est employée dans un premier temps à identifier les compétences différenciantes des pharmaciens vis-à-vis de non-pharmaciens (ingénieurs, Masters...), à partir des référentiels existants pour la pharmacie et d’autres métiers de l’industrie occupant les mêmes postes.

Les résultats indiquent que la formation et les compétences développées par les pharmaciens de l’industrie doivent leur permettre de garantir la qualité, la conformité et la disponibilité des produits. Les compétences requises et acquises leur apportent une compréhension complète du cycle de vie et de la chaîne de valeur des médicaments, de la recherche jusqu’à leur administration, en intégrant une connaissance poussée de l’environnement réglementaire, des normes et standards qualité et des bonnes pratiques.

Dans un deuxième temps, ces compétences différenciantes ont été questionnées en interviewant des pharmaciens industriels, mais également des professionnels non-pharmaciens. Les travaux ont ensuite permis d’évaluer la perception de ces compétences auprès de pharmaciens de l’industrie et de professionnels exerçant dans l’industrie.

À l’issue des différentes interviews de professionnels industriels, il ressort que les pharmaciens doivent posséder aussi bien des compétences en gestion de flux opérationnels, que des processus et des risques et une bonne maîtrise des partenaires externes. Des qualités interpersonnelles et de management d’équipes sont aussi nécessaires.

La formation initiale et continue des pharmaciens n’apparaît pas toujours optimale pour les besoins de l’industrie. Une révision du cursus pourrait intégrer davantage de compétences analytiques, de communication, de gestion de projet, de management des risques et des flux logistiques, informatiques ou financiers. Des aspects plus techniques et technologiques (biotechnologies, intelligence artificielle…) pourraient être abordés pour préparer les étudiants et pharmaciens aux défis pratiques et aux exigences opérationnelles qu’ils rencontreront dans leur carrière.

Les contenus pédagogiques devraient être adaptés et révisés pour enseigner et intégrer les compétences nécessaires qui pourraient être décrites dans le référentiel DES Industrie, en cours de projet dans le cadre de la réforme du 3e cycle des études.

En conclusion, le pharmacien industriel jouit d’une large vision de la chaîne des médicaments et d’une orientation patient plus développée que pour d’autres profils de l’industrie.

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