Un marché en plein essor, des produits variés, liquides ou solides, parfois destinés aux enfants… La DGCCRF enquête régulièrement au sujet des compléments alimentaires. Des parapharmacies aux salles de sport, en passant par les laboratoires de fabrication, les sites internet ou les commerces de détail, les contrôles 2023 ont révélé de nombreuses anomalies : emploi d’allégations thérapeutiques interdites, emploi d’allégations non justifiées, problèmes de composition… Bilan.

Les compléments alimentaires sont une source concentrée de nutriments ou d'autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique, seuls ou combinés. Ils sont commercialisés sous forme de doses, telles que des gélules, pastilles, comprimés, ampoules etc. Leur succès marketing est parfois fulgurant, comme récemment avec celui des gummies : ces gommes particulièrement en vogue auprès des jeunes consommateurs.

L’objectif de cette enquête, menée en 2023, était de vérifier la loyauté des mentions et arguments de vente accompagnant les compléments alimentaires, ainsi que leur composition au regard des annonces faites au consommateur. Les contrôles ciblaient notamment les compléments alimentaires destinés exclusivement aux enfants de la naissance à 10 ans et ceux destinés à d’autres catégories de personnes avec une attention particulière pour les produits à base de levure de riz rouge (car la règlementation avait récemment évolué) mais aussi pour ceux supposés avoir une action « anti-gueule de bois » ou contre l’alcoolisme.

Composition, étiquetage, allégations… : une vaste gamme d’anomalies  

Du fabriquant au distributeur, 270 établissements ont été contrôlés lors de cette enquête. Des anomalies ont été rencontrées pour le tiers d’entre eux, allant d’une mention d’étiquetage à rectifier, à la présence d’allégations interdites ou fausses et aux écarts plus ou moins importants entre les dosages annoncés et les dosages réels. 20% de non-conformités ont été relevées concernant les compléments alimentaires destinés aux enfants alors que ce sont 37% de non-conformités qui ont été constatés pour les autres produits.

Les contrôles ont mis en évidence de nombreuses pratiques commerciales trompeuses notamment :

  • La présence d’allégations thérapeutiques interdites, c’est-à-dire des informations sur les denrées alimentaires attribuant à celles-ci des propriétés de prévention, de traitement ou de guérison d’une maladie humaine, par exemple une mention comme « La vitamine C reconnue depuis tout temps pour son effet anti-cancer » ou encore « Traitement de l’anémie » ;
  • La présence d’allégations interdites notamment celles donnant à penser que s’abstenir de consommer le complément alimentaire pourrait être préjudiciable à la santé de l’enfant, ou celles utilisant un discours ambigu pouvant susciter des doutes chez les consommateurs, comme par exemple : « en l’absence de prise ? risques de déficience micronutritionnelle des enfants en France, selon une étude de l’ANSES ».

Les manquements concernant les allégations nutritionnelles et de santé ont été particulièrement nombreux et variés et ont concerné notamment :

  • les allégations relatives à la réduction des effets de l’alcool ou mentionnant l’aide du complément alimentaire dans l’atténuation des conséquences d’une consommation d’alcool, qu’il s’agisse de réduire les effets d’une consommation ponctuelle excessive ou de soutenir un sevrage alcoolique ;
  • les allégations donnant à penser que le complément alimentaire n’est pas exclusivement destiné aux enfants dans le but de s’affranchir des restrictions imposées à de telles denrées ;
  • les allégations comparant les propriétés d’un nutriment ou d’une substance présente dans le complément alimentaire avec celles d’une denrée alimentaire, par exemple : « Plus d’acide gallique que dans 5 fruits et légumes frais par jour » ;
  • les allégations faisant référence à des recommandations de médecins ou de professionnels de santé, par exemple une allégation vantant les effets du ginseng présentée comme une affirmation de « M. X, docteur en Pharmacie » ;
  • les allégations faisant référence à l’importance de la perte de poids ;
  • l’absence de certaines mentions obligatoires, notamment celle indiquant l’importance d’une alimentation variée et équilibrée et d’un mode de vie sain, ou la quantité à prendre pour obtenir l’effet bénéfique allégué ;
  • plus spécifiquement encore, l’allégation concernant l’effet de la monacoline K contenue dans la levure de riz rouge sur la cholestérolémie : depuis le 22 juin 2022, cette allégation ne doit en effet plus figurer sur les étiquetages car la dose de monacoline de la levure de riz rouge contenue dans le complément alimentaire ne doit pas dépasser, ni égaler 3 mg par jour. Or, pour obtenir une baisse de cholestérol, il faudrait consommer une dose journalière de 10 mg. Les contrôles ont conduit à mettre en évidence que 17 des 20 produits contrôlés étaient non conformes.

L’enquête a aussi donné lieu au contrôle de la composition des compléments alimentaires. Dans le cas de la monacoline K notamment, il a été constaté que les produits ne dépassaient pas la limite autorisée de 3mg par portion, sauf pour l’un des produits contrôlés dont la teneur en monacoline K atteignait 8 mg. Ce produit a alors fait l’objet d’une procédure de retrait/rappel par le responsable de la formulation qui a alors été suivi par la Direction générale de l'alimentation (DGAL).

45 produits pour enfants analysés en laboratoire

45 produits destinés exclusivement aux enfants ont quant à eux fait l’objet d’une analyse en laboratoire.  27 échantillons se sont avérés non conformes et 90% de ces non-conformités concernaient des écarts entre la teneur en vitamines ou en minéraux annoncée sur l’étiquetage et la valeur obtenue à l’analyse pour certaines vitamines et minéraux. En effet, les anomalies les plus fréquentes étaient :

  • le déficit en vitamines pour 41% des analyses
  • l’excès en vitamines pour 27% des analyses

Les vitamines C, A, E et D étaient les plus concernées. L’enquête a accordé une attention particulière aux compléments alimentaires contenant de la vitamine D en raison de plusieurs cas de nutrivigilance signalés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) qui présentaient un dépassement de la limite supérieure de sécurité définie par l’EFSA. La vitamine D a été analysée dans 34 prélèvements dont les résultats ont conduit à un taux de non-conformité de plus de 23% mais il n’a pas été constaté de dépassement de limite de sécurité pour cette vitamine.

Les résultats des analyses ont aussi mis en évidence des écarts concernant la teneur en minéraux :

  • un déficit en minéraux pour 16% des analyses
  • un excès en minéraux pour 6% des analyses

Les écarts ont principalement concerné le magnésium pour lequel plus de 38% des 13 échantillons analysés étaient non-conformes.

Les 10% d’autres non-conformités étaient des allégations nutritionnelles ou de santé non justifiées en raison de teneurs trop faibles par rapport aux exigences règlementaires.

Des manquements corrigés ou sanctionnés et une surveillance maintenue

Eu égard au fort taux d’anomalies constaté, cette enquête a donné lieu à des suites de type correctives et répressives :

  • 71 injonctions
  • 25 procès-verbaux pénaux
  • 5 procès-verbaux administratifs

Parmi ces mesures, 13 injonctions, 3 procès-verbaux pénaux et 3 procès-verbaux administratifs ont concernés des contrôles relatifs à des compléments alimentaires destinés exclusivement aux enfants.

Dans un but d’accompagnement des entreprises, l’enquête a également donné lieu à 67 avertissements dont 14 concernant des compléments alimentaires destinés exclusivement aux enfants. En effet, Il ressort de cette enquête que la règlementation relative aux allégations nutritionnelles et de santé n’est pas encore bien assimilée ni maîtrisée, en particulier pour les microentreprises vendant sur internet. Ces entreprises n’ayant pas de service juridique propre ont tendance à reprendre, sans vérifier au préalable si elles sont autorisées, des allégations présentes sur certains sites internet concurrents.

Les contrôles ont permis de mettre en conformité les pratiques des professionnels en particulier de ceux faisant une utilisation récurrente d’allégations de santé non autorisées sur les compléments alimentaires.

Eu égard à l’ensemble de ces constatations, aux nombreux manquements relevés mais aussi à la croissance du marché des compléments alimentaires, la reconduction de cette enquête s’avère indispensable.

Source : Actualité DGCCRF du 03/11/2025