Baromètre de la sécurité de l’exercice des pharmaciens, ce document recense l’ensemble des déclarations d’agressions reçues par l’Ordre en 2023. Si cette année encore, le nombre reste très certainement en-deçà de la réalité, les 475 agressions comptabilisées traduisent une augmentation de près de 30 % par rapport à l’année précédente.

Parmi les agressions déclarées, 459 concernent des pharmaciens d’officines, 14 des pharmaciens exerçant en laboratoires de biologie médicale et 2 en pharmacie à usage intérieur. Les agressions déclarées par les pharmaciens biologistes médicaux ont été multipliées par plus de 2 entre 2022 et 2023. Parmi elles, 93 % concernent des atteintes aux personnes.

En officine, la majorité des déclarations fait état, comme en 2022, de menaces, d'injures ou encore d'agressions physiques principalement motivées par des refus de dispensation. Cette année, 40 % des déclarations concernent des vols pour se procurer de l’argent, des produits pharmaceutiques ou parapharmaceutiques. Autre point de vigilance, si trois quart des agressions se produisent pendant les horaires d’ouverture des officines, il convient de souligner l’accroissement progressif des agressions pendant les gardes dont le nombre a doublé en 5 ans.

Une année marquée par les émeutes de l’été 2023

Entre juin et juillet 2023, période des émeutes urbaines, 64 actes de vandalisme ont été portés à la connaissance de l’Ordre. Sur les 55 officines et les 9 laboratoires de biologie médicale concernés, seules 26 structures ont déclaré cette agression sur le site du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Le 38 autres ont été identifiées grâce aux remontées des acteurs du terrain.

“Ce bilan et le constat qu’il dévoile renforcent notre détermination à agir, en étroite concertation avec les pouvoirs publics, pour préserver la sécurité de celles et ceux qui prennent soin des autres. Je tiens particulièrement à saluer la mobilisation des parlementaires qui se sont emparés de cette question et concrétisent en ce moment même un projet de loi. C’est une étape supplémentaire qui va dans le bon sens. Aux côtés de Gildas Bernier, élu référent auprès du Conseil national, nous savons pouvoir compter sur l’engagement de tous nos conseillers partout en France métropolitaine et en outre-mer, pour orienter au mieux les pharmaciens dans ces situations difficiles“, déclare Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.

Les chiffres clés du bilan 2023

  • 475 déclarations d’agression recensées en 2023
  • 40 % d’augmentation des déclarations en 5 ans
  • 97 % des agressions recensées ont eu lieu en officine
  • 60 % d’atteintes aux personnes (injures, menaces, agression physique) et 40 % d’atteintes aux biens (vols et dégradations)
  • Trois quarts des agressions se déroulent pendant les heures d’ouverture et 60 % des vols sont pratiqués alors que l’officine est fermée

Encore trop peu de plaintes en 2023

Comme l’année précédente, seulement un tiers des pharmaciens déclarants ont porté plainte. Si le manque de temps et la peur des représailles font partie des principales raisons avancées, d’autres estiment que la plainte ne se révèle pas nécessaire compte tenu du peu de suites données.

L’Ordre national des Pharmaciens a informé les juridictions compétentes de sa volonté de se constituer partie civile aux côtés des pharmaciens dans 14 affaires, contre 5 en 2022, ainsi que dans l’ensemble des procédures lancées par les pharmaciens victimes des émeutes.

“Le dépôt de plainte est essentiel pour déclencher une procédure judiciaire et si besoin nous permettre d’intervenir aux côtés de nos confrères. Pour les accompagner et faciliter autant que possible leur démarche dans ces situations difficiles, l’ensemble des élus de l’Ordre sont à leur écoute”, réagit Gildas Bernier, référent sécurité auprès du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.

L’Ordre mobilisé pour accompagner et soutenir les pharmaciens

Fort de son réseau de plus de 100 conseillers « référents sécurité », l'Ordre national des pharmaciens apporte aide et soutien aux confrères agressés. La liste des référents, une « fiche réflexe en cas d’agression » et de nombreuses fiches établies par les forces de l’ordre sont accessibles sur le site de l'Ordre.

Par ailleurs, les pharmaciens peuvent également bénéficier d’un soutien psychologique en prenant contact avec des confrères bénévoles de l’association ADOP (Aide et Dispositif d’Orientation des Pharmaciens) : un numéro vert (0800 73 69 59), accessible 7j/7, de 6h à minuit.

Comment déclarer une agression auprès de l’Ordre ?

L’Ordre appelle les pharmaciens à déclarer leurs agressions sur le site du CNOP afin de disposer d’une connaissance toujours plus précise de ce phénomène préoccupant et ne pas laisser ces actes se banaliser.

Pour déclarer une agression, il suffit de remplir le formulaire en ligne sur le site de l’Ordre, correspondant à son métier (après connexion à son compte) :

Attention à ne mentionner aucune information permettant d'identifier de manière directe ou indirecte l'identité de l'agresseur.

L’Ordre rappelle également la nécessité de déposer plainte, afin de déclencher la chaîne judiciaire.

Chaque fois que cela sera possible, l’Ordre sera aux côtés des pharmaciens, en se constituant partie civile, dans le cadre de l’article L4211-3 du CSP.

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