La HAS a évalué l’opportunité d’élargir le rattrapage à tous les jeunes adultes, jusqu’à 26 ans révolus. Aujourd’hui, elle recommande cet élargissement tout en rappelant que la priorité demeure la vaccination des adolescents de 11 à 14 ans, chez qui la couverture vaccinale reste insuffisante.  Cette recommandation n'est à ce jour pas intégrée au calendrier vaccinal.

L’infection à papillomavirus humains (HPV, Human Papilloma Virus en anglais) est extrêmement courante, surtout au début de la vie sexuelle. Même si ces virus sont la plupart du temps éliminés par le système immunitaire, ils sont responsables chaque année de près de 6 400 nouveaux cas de cancer, principalement du col de l’utérus et 35 000 lésions précancéreuses. Actuellement, la vaccination est recommandée en France pour les jeunes filles et les jeunes garçons, âgés de 11 à 14 ans révolus, avec un rattrapage vaccinal pour les deux sexes, entre 15 et 19 ans révolus. Elle est également recommandée jusqu’à 26 ans révolus pour les hommes qui ont ou ont eu des relations sexuelles avec des hommes (HSH).

La HAS a évalué l’opportunité d’élargir le rattrapage à tous les jeunes adultes, jusqu’à 26 ans révolus. Aujourd’hui, elle recommande cet élargissement tout en rappelant que la priorité demeure la vaccination des adolescents de 11 à 14 ans, chez qui la couverture vaccinale reste insuffisante.

Près de 80 % des personnes sexuellement actives seront infectées à un moment de leur vie par un ou plusieurs HPV. Le risque d’infection est accru au commencement de la vie sexuelle, avec 60 % des primo-infections qui ont lieu dans les cinq ans suivant le premier rapport. Dans la grande majorité des cas, l’infection à HPV est transitoire et éliminée par le système immunitaire. Néanmoins, une persistance de l’infection au-delà de deux ans est observée chez 5 à 10 % des personnes infectées pouvant entraîner des lésions précancéreuses susceptibles d’évoluer jusqu’au stade de cancer.

Chaque année, les infections à HPV sont à l’origine d’environ 100 000 cas de condylomes ano-génitaux, 35 000 lésions précancéreuses et 6 400 cas de cancers, dont près de la moitié sont des cancers du col de l’utérus. En 2023, 3 159 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus ont été diagnostiqués et 1 100 décès recensés.

Pourtant, le cancer du col de l’utérus est un cancer évitable grâce à deux interventions efficaces et complémentaires : le dépistage (recommandé dès l’âge de 25 ans) et la vaccination. En France, les recommandations vaccinales anti-HPV ont été mises en place en 2007 en ciblant d’abord les jeunes filles avant de s’élargir aux garçons en 2021. Malgré une amélioration de la couverture vaccinale notamment grâce à la campagne de vaccination au collège, celle-ci demeure insuffisante : en 2024, 48 % des filles et 24,5 % des garçons de 16 ans ont réalisé un schéma complet (2 doses), soit un résultat très en deçà de l’objectif national de 80 % à l’horizon 2030 chez les adolescents et de l'objectif de l'OMS de 90 % chez les jeunes-filles de 15 ans.

Jusqu’à présent, la vaccination de rattrapage anti-HPV était prise en charge pour les femmes et les hommes hétérosexuels jusqu’à 19 ans et jusqu’à 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, créant une inégalité d’accès à la vaccination selon le genre et l’orientation sexuelle.

C’est dans ce contexte que la HAS, sollicitée par le laboratoire MSD (titulaire de l’autorisation de mise sur le marché de Gardasil 9) puis par l’association IMAGYN (Initiative des malades atteintes de cancers gynécologiques) s’est autosaisie afin d'évaluer la pertinence d’élargir le rattrapage vaccinal à l’ensemble des jeunes hommes et aux jeunes femmes jusqu’à l’âge de 26 ans révolus.

Pour établir sa recommandation, la HAS a pris en compte les données d'efficacité et de sécurité du vaccin Gardasil 9 (dirigé contre neuf virus HPV). Le vaccin permet de prévenir efficacement les lésions cervicales précancéreuses de haut grade ainsi que les verrues génitales dans une population de femmes et d’hommes âgés de 16 à 26 ans au moment de la vaccination ; incluant des personnes non infectées ou préalablement infectées aux virus HPV avant la vaccination. Le niveau de protection est cependant moins bon comparé à celui obtenu dans une population de 16 à 26 ans jamais infectée avant la vaccination.

Des données cliniques de suivi à long terme ont confirmé l’efficacité de Gardasil 9 jusqu’à 12 ans après la vaccination. Par ailleurs, son profil de sécurité est bien établi et favorable, tant chez les adolescents que chez les adultes.

La HAS a aussi pris en compte les données montrant que trois quarts des jeunes adultes de cette tranche d’âge n'ont pas encore été exposés aux infections par le HPV, mais sont à risque élevé de les acquérir et de les transmettre ; le pic d'incidence pour les femmes en France se situant dans la tranche d’âge de 20 à 24 ans. Une grande partie d'entre eux (estimés à 3,6 millions de jeunes adultes âgés de 20 à 26 ans) n'ont pas pu bénéficier de la vaccination à l'adolescence, ce qui constitue une perte de chance. Les enquêtes montrent que l'acceptabilité de ce vaccin est très bonne chez les 18-24 ans, avec environ 80 % d'opinions favorables en 2023-24, un taux en augmentation de 16 % après la campagne scolaire de 2023 dont la médiatisation a sensibilisé le public.

Enfin, la HAS a noté que la plupart des pays européens, et notamment ceux ayant obtenu une très bonne couverture vaccinale, disposent de programme de rattrapage pour les jeunes adultes.

Pour rappel, avant l’âge de 15 ans, le schéma vaccinal recommandé est de deux doses espacées de 5 à 13 mois. A partir de 15 ans, le vaccin Gardasil 9 doit être administré selon un schéma à trois doses, avec une deuxième puis une troisième dose, respectivement deux et six mois après la première injection.

Un élargissement du rattrapage vaccinal en population générale

Compte tenu du fardeau lié aux infections et aux cancers induits par les virus HPV, notamment le cancer du col de l’utérus, et des données disponibles, la HAS recommande l’élargissement du rattrapage de la vaccination contre les virus HPV par le vaccin Gardasil 9 aux jeunes hommes et aux jeunes femmes, indépendamment de leur orientation sexuelle et qui n’auraient pas été vaccinés à l’adolescence entre 11 et 14 ans, jusqu’à l’âge de 26 ans révolus.

La HAS rappelle que la priorité reste la poursuite de l’amélioration de la couverture vaccinale anti-HPV dans la population cible, à savoir les adolescents, filles et garçons, âgés de 11 à 14 ans. Elle insiste sur le fait que la protection conférée par le vaccin est optimale lorsqu’il est administré le plus tôt possible et que la vaccination ne doit donc pas être retardée à l'âge adulte.

La HAS précise que le vaccin Gardasil 9 peut être administré, si nécessaire, de manière concomitante avec les vaccins suivants recommandés dans la population des jeunes adultes : le rappel dTcaP à l’âge de 25 ans et la vaccination de rattrapage contre les infections invasives à méningocoques (vaccins ACWY), dorénavant recommandée entre 15 et 24 ans.

La HAS invite les professionnels de santé à surveiller les personnes vaccinées pendant quinze minutes suivant l’injection, afin de prévenir le risque de syncopes et de malaises.

La HAS rappelle que le vaccin ne protège pas contre tous les types d’HPV à haut risque, ni contre les infections HPV déjà existantes au moment de la vaccination. Ainsi, la vaccination ne remplace pas le dépistage du cancer du col de l’utérus, et un suivi gynécologique régulier doit être effectué chez toutes les femmes, y compris les femmes vaccinées, âgées de plus de 25 ans. Dans un contexte de hausse de plus en plus marquée des infections sexuellement transmissibles, la stratégie de rattrapage anti-HPV constitue un levier supplémentaire de prévention, contribuant à réduire la circulation des virus HPV dans la population générale et le fardeau global des infections HPV induites.

Source : communiqué de presse de la HAS du 13/05/2025