« Réduire l’empreinte environnementale de nos activités et contribuer activement à la capture du carbone »

Dans ce septième volet de la série d’entretiens « Le bon geste », retrouvez le témoignage de Patrice Kaps, docteur en pharmacie, vice-président de la section C* de l’Ordre, pharmacien responsable dans une entreprise de la distribution en gros engagée de longue date dans une démarche RSE.
Installation de fermes solaires sur les toits des bâtiments, récupération des eaux de pluie, recours à des carburants alternatifs pour la flotte de camions, dématérialisation des bons de livraison, sélection de fournisseurs responsables : autant d’initiatives qui traduisent la volonté de réduire significativement l’empreinte carbone de l’entreprise.
En quoi les activités de votre entreprise présentent-elles un impact environnemental ?
Comme tout distributeur en gros, nos activités ont un impact environnemental notable. Nous sommes soumis à des obligations strictes définies par le code de la santé publique (CSP) qui concernent, par exemple, la conservation et le stockage des produits. Cela implique des locaux sécurisés, dotés de systèmes d’alarme et de températures contrôlées, adaptées à chaque catégorie de produits (15/25 °C, 2/8°C, chambres à –20 °C pour certains anticorps à base de protéines, une centaine de surgélateurs à –80 °C, etc.). Ces installations garantissent en permanence la qualité des produits. À cela s’ajoutent des systèmes de surveillance renforcés et la qualification rigoureuse des systèmes informatiques.
Quelles actions concrètes avez-vous mises en place au sein de vos sites ?
Nous avons déployé de nombreuses initiatives, en particulier sur notre site de Saint-Quentin-Fallavier, dans l’Isère, qui constitue l’un de nos pôles logistiques majeurs. Ce bâtiment, construit en béton à faible émission de CO₂, bénéficie d’une forte inertie climatique : il limite naturellement les variations de température en été comme en hiver. Le chauffage et la climatisation reposent sur des pompes à chaleur puisant leur énergie dans la nappe phréatique.
Nous avons également installé sur le toit une ferme solaire : ces panneaux photovoltaïques alimentent nos chambres froides et surgélateurs, très énergivores, assurant ainsi une autonomie partielle en électricité.
Autre exemple : la récupération et la filtration des eaux pluviales, utilisées ensuite pour les sanitaires, le nettoyage des sols et l’arrosage des espaces verts. Cette mesure réduit fortement notre consommation d’eau potable.
Pourquoi avoir été à l’initiative d’une telle démarche ?
La préservation de l’environnement est un enjeu majeur auquel chaque secteur doit apporter sa contribution. Les pharmaciens de la distribution jouent un rôle clé dans la chaîne d’approvisionnement, et il nous appartient d’agir de manière responsable. Nous sommes engagés depuis une dizaine d’années dans une démarche RSE et notre ambition est claire : contribuer à améliorer le monde !
Par ailleurs, nos clients sont, eux aussi, attentifs à ces engagements : le respect de critères environnementaux fait partie intégrante des appels d’offres. Pour chaque nouveau projet, nous devons produire une fiche récapitulant non seulement les aspects financiers, mais aussi l’impact environnemental, notamment les émissions de CO₂.
Concrètement, comment cela se traduit-il dans votre organisation ?
Nous agissons sur plusieurs leviers. Par exemple, 80 % de notre flotte de transport – soit 60 camions et 150 remorques – fonctionne avec des carburants alternatifs (biodiesel ou gaz naturel), ce qui nous a permis de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, sans compromettre la rapidité de livraison, ni la sécurité des produits.
Nous avons également fortement réduit notre consommation de papier et limité les déchets qui en découlent grâce à la dématérialisation des bons de livraison, aux signatures électroniques et à la digitalisation des échanges avec nos clients.
Enfin, nous privilégions des fournisseurs responsables, à travers des chartes d’achats durables : recours à des produits locaux, réduction de l’empreinte carbone des fournitures (par exemple, pneus de camions à faible impact). Nos palettes en bois, qui servent pour l’expédition de nos produits, sont achetées à des entreprises locales et proviennent de forêts gérées durablement. Certes, ce choix implique un surcoût, mais il soutient l’économie régionale et limite le transport.
Quelles sont les prochaines étapes de cet engagement ?
Nous travaillons désormais sur la biodiversité autour de nos sites. Nous souhaitons adhérer aux chartes biodiversité des zones d’activité : protéger les nichées d’oiseaux, aménager des clôtures adaptées au passage de petits animaux comme les hérissons, favoriser les haies sèches, planter des espèces locales afin d’offrir aux oiseaux de quoi se nourrir en hiver…
Nous faisons par ailleurs évoluer nos pratiques paysagères : fini les pelouses tondues à ras, qui ressemblaient à des greens de golf, et l’usage de pesticides autour des entrepôts ! Place à une tonte raisonnée et à la pousse de plantes locales, qui favorisent la faune.
L’objectif est double : réduire l’empreinte environnementale de nos activités et contribuer activement à la capture du carbone, à la restauration des écosystèmes, à l’amélioration de la qualité de l’air et à la limitation de l’effet d’îlot de chaleur urbain (ICU).
*Représentant les pharmaciens de la distribution en gros.