Inscription au tableau et action disciplinaire

À l’entrée dans la profession, un ordre veille à son accès lorsqu’il examine les titres et les qualités des nouveaux diplômés ; Par la suite, durant l’exercice professionnel, il dispose d’un pouvoir disciplinaire qui peut aller jusqu’à l’interdiction définitive d’exercer la profession en cas de faute professionnelle grave.

Un ordre dispose également du pouvoir d’organiser les règles qui s’appliquent entre professionnels. Ainsi, le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) a pour mission de préparer le code de déontologie, qui comprend notamment les règles professionnelles applicables entre confrères.

L’action d’un ordre professionnel relevant d'une mission de service public repose principalement sur l’accomplissement d’actes administratifs qui s’imposent à ses ressortissants. Ces actes administratifs prennent la forme de décisions qui peuvent faire l’objet de recours. Ces dernières interviennent principalement en matière d’inscription au tableau, car un ordre professionnel gère un tableau qui regroupe tous les professionnels remplissant les conditions pour exercer leur profession. Il est, dans ce cas, soumis à des règles de droit public. En revanche, son fonctionnement interne (leurs collaborateurs et leurs biens) relève du droit privé.

• Défense des intérêts collectifs de la profession : les ordres ont la faculté de faire valoir tous les droits de la partie civile concernant des faits qui portent un préjudice direct ou indirect à la profession. Cette action peut être exercée contre des non-pharmaciens ou des professionnels qui ne respectent pas la réglementation en vigueur.

• Action devant les tribunaux : les ordres peuvent mener toute action devant les tribunaux, comme un recours contre des textes réglementaires ou contre l’État lorsqu’un texte réglementaire pose une difficulté de droit ou simplement n’a pas été pris.

• Action en matière de formation professionnelle : de façon générale, les ordres jouent toujours un rôle en matière de formation continue. Pour les professionnels de santé, il s’agit du contrôle de l’obligation de formation continue et, demain, de la certification périodique.

• Aide et entraide professionnelle : les ordres ont la faculté de participer à des systèmes d’entraide des professionnels. Ils participent également aux institutions qui gèrent la retraite des professionnels libéraux : des représentants du CNOP siègent au conseil d’administration de la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP).

L’organisation et le fonctionnement des ordres

Les ordres des professions de santé sont structurés sur le territoire avec un échelon régional (ou départemental pour l’Ordre des médecins) et national, avec une particularité pour l’Ordre national des pharmaciens qui comprend des Conseils centraux, traduisant une répartition par métier. Les conseils comprennent essentiellement des membres élus par leurs pairs. Les ordres professionnels sont financés par les cotisations de leurs membres et sont soumis au contrôle de la Cour des comptes.

L’ordre, représentant de la profession

Un ordre représente la profession et non les professionnels. À ce titre, sa mission est différente de celle d’un syndicat. Ainsi défenseur de l’intérêt collectif, il peut être saisi par les autorités de tout projet de réforme de l’organisation ou du fonctionnement de cette profession ou, plus généralement, de tout texte concernant l’exercice professionnel.

L’ordre national des pharmaciens : une institution créée par ordonnance de 1945

L’Ordre national des pharmaciens (ONP) est créé à la Libération, par une ordonnance du gouvernement provisoire de la République française du 5 mai 1945, renouant avec le projet d’avant-guerre : une institution dont les membres sont élus et à laquelle doivent adhérer tous les pharmaciens exerçant en France. Elle est garante de la compétence des pharmaciens, en faveur de la santé publique et des patients. Ses missions fondamentales sont alors fixées autour du respect des devoirs professionnels ainsi que de la défense de l’honneur et de l’indépendance de la profession. Cette ordonnance pose aussi le principe essentiel de séparation entre les syndicats et l’Ordre.

Les ordres professionnels actuels

Ordres des professions de santé concernées : chirurgiens-dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, médecins, pédicures-podologues, pharmaciens, sages-femmes.

Ordres des professions juridiques et judiciaires  : Conseil national des barreaux, Ordre des avocats de Paris, Ordre des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation, Conseil supérieur du notariat, Chambre nationale des commissaires de justice (huissiers et commissaires-priseurs de justice).

Ordre des professions techniques et du cadre de vie : architectes, experts-comptables, géomètres-experts.

Patrick Chamborédon,
Président du Comité de liaison des institutions ordinales (CLIO) et de l’Ordre national des infirmiers

Photo de Patrick Chambodéron

« Service public. Par essence, un ordre professionnel agit en délégation de service public. Il opère selon les principes éthiques qui vont permettre de servir le plus grand nombre, dans une posture transpartisane, et dans le but d’améliorer le système. L’atout d’un ordre est de travailler avec de multiples partenaires et parties prenantes, comme nos tutelles évidemment, mais aussi les syndicats, les autres professions, les représentants d’usagers/de patients… Dans ce cadre, un ordre possède un champ de compétences assez large.

Vigie. Avec les évolutions de nos professions, je crois que nous jouons un rôle accru d’accompagnement des confrères. Nombre d’évolutions discutées au Parlement sont d’ailleurs portées par des ordres professionnels. L’Ordre national des pharmaciens, par exemple, a porté de nombreuses propositions dans le cadre des débats sur la loi de modernisation de notre système de santé en 2015.

On en vient au rôle de vigie des institutions ordinales pour identifier certaines problématiques et faire valoir leurs solutions potentielles, y compris sur le plan européen. Entre ordres, nous avons des sujets d’interprofessionnalité pour être capables non pas d’influencer, mais de faire valoir notre relation avec l’usager afin de défendre une façon d’exercer nos missions tant de service public que légales.

Prérogatives. Au CLIO santé, les ordres ont pratiquement tous les mêmes prérogatives. Les professions du droit, du chiffre, du cadre de vie et de la justice ont, de leur côté, des ordres historiquement antérieurs, avec des attributions plus larges. Un exemple : l’Ordre des avocats gère la question des retraites. Mais ce qui nous rassemble s’inscrit autour de trois axes forts : l’indépendance professionnelle, le secret professionnel et une certaine répartition territoriale. Nos missions nous permettent d’avoir une vision claire et globale de l’évolution de notre écosystème. »