Relever ensemble le défi du grand âge

Le grand âge, un sujet qui nous concerne tous et dans lequel les pharmaciens ont un rôle essentiel à jouer ! Rassembler dans un même document un état des lieux, les initiatives et l’action de notre profession pour répondre à cet enjeu sociétal me semblait nécessaire. 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l’espérance de vie des Français a augmenté de 20 ans. Ceci a été acquis principalement sous l’effet conjugué d’efforts de prévention, de progrès médicaux et de nouveaux traitements. Les pharmaciens peuvent en être fiers, car c’est aussi grâce à leur travail quotidien dans les officines, les établissements de santé, les laboratoires de biologie médicale et de recherche et les industries.

Plus encore, il faut regarder l’avenir : dans vingt ans, le tiers de la population devrait avoir plus de 60 ans. Le Gouvernement, les autorités de santé et les parlementaires se sont emparés de ce défi en initiant plans d’action, réflexions collectives et propositions de lois. À titre d’exemples, citons le lancement d’un programme de prévention de la perte d’autonomie dès l’âge de 40 ans, le chantier du « Bien vieillir » du Conseil national de la refondation (CNR), la convention citoyenne sur la fin de vie, ou encore le déploiement de rendez-vous de prévention aux différents âges de la vie, pour lequel l’Ordre est consulté.

Aujourd’hui, le but n’est plus tant d’ajouter des années aux années, mais d’apporter aux seniors la santé et la qualité de vie auxquelles ils aspirent. Vivre chez soi le plus longtemps possible, en préservant l’autonomie et le lien social, justifie le « virage domiciliaire » des politiques publiques. Les pharmaciens devront, pour cela, réaliser davantage d’actes pharmaceutiques au plus près des personnes âgées, dans le cadre d’actions coordonnées avec les autres professionnels de santé et les aidants.

Parce qu’ils maîtrisent des outils et des méthodes irremplaçables, tels que le dossier pharmaceutique, le bilan partagé de médication, la préparation des doses à administrer, ou la conciliation médicamenteuse, ils ont également un rôle central dans le parcours de soins, pour optimiser la cohérence des traitements et leur sécurité. Ils peuvent même être un recours face à des situations d’urgence, comme lorsqu’un pharmacien biologiste médical détecte un risque hémorragique majeur chez un patient sous antivitamine K.

Préserver l’autonomie passe aussi par la prévention : vaccination, lutte contre les chutes, la sédentarité, la dénutrition… Par notre disponibilité en ville, à l’hôpital comme en institution, en laboratoire de biologie médicale, la qualité de nos conseils, la proximité dont nous faisons preuve avec nos patients âgés et leur entourage, nous sommes des acteurs décisifs de ces campagnes.

Enfin, de nouvelles approches de repérage de la fragilité, de pharmacie clinique, de biologie médicale au plus près du patient sont en cours d’expérimentation, voire de déploiement. Je ne doute pas de votre engagement futur, comme vous l’avez déjà démontré pour la vaccination et le dépistage des maladies infectieuses. L’Ordre est aux côtés des pharmaciens pour les accompagner afin qu’ils mettent tout leur potentiel au service des aînés. La réalisation de ce cahier thématique en est une illustration. J’espère qu’il vous sera utile dans votre exercice ; je vous en souhaite une bonne lecture. 

Carine WOLF-THAL
Présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens
@CarineWolfThal