Tous Pharmaciens La revue n°28 - juillet 2025
À VOS CÔTÉS
Les pharmaciens de Mayotte, quelques mois après le cyclone CHIDO
17/07/2025
Outre-mer

Soufiane Kadri, titulaire d’une officine à Mayotte et conseiller ordinal de la délégation La Réunion-Mayotte, revient sur les conséquences du cyclone et les défis auxquels la profession a dû faire face dans les mois qui ont suivi.
Faire face aux conséquences immédiates
Nous sommes trois conseillers ordinaux à Mayotte pour les secteurs de la pharmacie hospitalière et médicosociale, de la distribution en gros et de l’officine. C’est certainement le secteur hospitalier qui a été le plus touché, avec la destruction totale de la plateforme logistique et pharmaceutique du centre hospitalier de Mamoudzou et d’une grande partie de sa pharmacie à usage intérieur (PUI). Fort heureusement, les pharmaciens de la distribution en gros ont été moins affectés, et l’essentiel de l’approvisionnement en médicaments a pu être préservé. Dans les officines, nous avons évidemment été confrontés à l’afflux des soins de première urgence, mais l’absence d’électricité et de moyens de communication nous a également posé beaucoup de difficultés. Travailler dans l’obscurité, sans accès à Internet et sous des températures dépassant parfois les 30 °C a été extrêmement difficile. Assez rapidement, l’ARS (Agence régionale de santé) a mis à notre disposition des générateurs électriques et l’URPS (Union régionale des professionnels de santé) nous a fourni une connexion satellitaire. Avoir pu poursuivre l’essentiel de nos activités lors de cette phase critique a suscité une très grande reconnaissance de la part de la population mahoraise et mis en évidence la solidité de la chaîne pharmaceutique !
Le soutien de l’Ordre
Les officines ont été impactées par des dégâts matériels, mais aussi par des effets indirects et à plus long terme : problèmes de trésorerie liés à l’absence de télétransmission, perte d’une partie de la patientèle qui a préféré quitter l’île après les ravages, etc. Les aides décidées par le Conseil national de l’Ordre au mois de janvier, telles que les prêts de 30 000 euros à taux zéro ou l’exonération des cotisations 2025, tant pour les titulaires que les adjoints, sont de véritables ballons d’oxygène, qui nous permettent de retrouver un fonctionnement « normal ».
Les perspectives
Il faut avoir à l’esprit que la catastrophe du 14 décembre s’est ajoutée à une situation déjà préoccupante. Aujourd’hui, les efforts de l’État sont d’autant plus déterminants pour la résilience de Mayotte et de notre service pharmaceutique ; cela va de mesures dérogatoires pratiques à des projets d’infrastructures pérennes, comme une présence militaire susceptible d’améliorer nos conditions de sécurité.
Une solidarité sans faille
Au-delà de l’action institutionnelle, c’est toute la profession qui s’est mobilisée. Les confrères de l’Hexagone comme des DROM-COM (Départements et régions d’outre-mer – Collectivités d’outre-mer) ont exprimé leur soutien à travers de nombreux témoignages de solidarité. Cette mobilisation collective, à la fois humaine et professionnelle, a été précieuse. Un très grand merci à tous !
Soufiane Kadri
Titulaire d’une officine à Mayotte et conseiller ordinal de la délégation La Réunion-Mayotte

« Avoir pu poursuivre l’essentiel de nos activités a suscité une très grande reconnaissance de la part de la population et mis en évidence la solidité de la chaîne pharmaceutique ! »