Transition écologique

Décarbonation de la biologie médicale : un travail d’équipe

Pour réduire l’empreinte carbone dans son établissement, un groupe de travail créé au sein du département de biologie et pathologie de l’Institut Gustave Roussy a engagé, dès 2023, toutes les équipes de biologie médicale de l’Institut dans des actions écoresponsables. Et le bilan est déjà positif.

Piloté par le Dr Caroline Sarre-Pradon, biologiste médicale, et le Dr Voichita Suciu, pathologiste, ce groupe « GreenBiopath », intégré au département de biologie et pathologie de l’Institut, a pour objectif d’accélérer la transformation écologique des laboratoires de biologie médicale à travers différentes actions écoresponsables.

Redonner du sens

Construite autour des propositions des équipes, l’initiative a rapidement convaincu l’ensemble du département. « Nous avons échangé avec tout le personnel, les biologistes médicaux, les techniciens, les secrétaires, les aides de laboratoire… pour savoir si des personnes souhaitaient s’investir et si elles avaient des idées d’actions à lancer. Pour une fois, dans les établissements de santé, les informations étaient remontantes », explique le Dr Sarre-Pradon.

Le groupe GreenBiopath a ainsi construit un plan d’action avec des mesures évidentes et faciles mettre en place, dont les résultats ont été rapidement visibles.

Des actions impulsées par le terrain

À la demande du personnel, les services ont revu leur gestion des déchets. Alors que tous les déchets d’activités de soins étaient jetés dans les collecteurs de DASRI (Déchets d’activités de soins à risques infectieux), y compris les déchets non dangereux, les services les trient désormais en les jetant dans les fûts adaptés à chaque classe. Résultat : le volume de contenants de DASRI est ainsi passé de 76 % avant 2023 à 22 % aujourd’hui. De même, chaque service recycle dorénavant une partie de ses déchets plastique, ce qui a permis de réduire de 655 kg les émissions de CO₂, soit l’équivalent d’un trajet de 22 263 kilomètres en autocar thermique. Le groupe s’est également mobilisé pour réduire les prescriptions de dosage de glycémie qui, jusqu’alors, intégraient systématiquement les bilans type pour les patients en consultation, mais pas toujours de façon pertinente. Après révision des bilans type, le nombre de glycémies réalisées a baissé de 21 %. La révision des bilans type a aussi l’occasion de faire appliquer les recommandations professionnelles issues des sociétés savantes. Ainsi, les prescriptions d’amylasémie ont chuté de 62 % en un an, entre 2023 et 2024.

L’objectif est d’étendre ces mesures à tous les services de l’établissement, et notamment de travailler à l’optimisation des consommables et à leur réutilisation. Pour aller plus loin, le Dr Sarre-Pradon a, par ailleurs, créé le groupe « Décarbonons la biologie médicale française » pour accompagner les biologistes médicaux dans leur démarche et leur fournir des méthodologies.

Un « carbone score » pour les médicaments

Chaque médicament se verra attribuer un score carbone reflétant les émissions de gaz à effet de serre produites sur l’ensemble de son cycle de vie (de l’extraction des matières premières à la fin de vie du médicament, en passant par le transport), avec une répartition selon les principaux postes. 

Pondéré par un score d’incertitude, ce score est calculé selon une méthodologie robuste et opposable, publiée en février dernier par la Direction générale des entreprises (DGE) (Guide pratique « Méthodologie d’évaluation de l’empreinte carbone des médicaments », publié par la Direction générale des entreprises.). 

Il vise à aider les industriels à identifier les leviers de réduction de l’impact carbone des médicaments et à constituer une véritable boussole pour les acheteurs de produits de santé, à commencer par ceux des établissements de santé publics.