Un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) pointe du doigt l’augmentation de la consommation des médicaments psychotropes chez les 6-17 ans.
 

Les faits

  • Une étude du HCFEA, qui s’appuie sur des bases de données de santé entre 2014 et 2021, montre que la consommation de psychotropes chez l’enfant et l’adolescent a augmenté de :
    • 48,54 % pour les antipsychotiques ;
    • 62,58 % pour les antidépresseurs ;
    • 78,07 % pour les psychostimulants ;
    • 155,48 % pour les hypnotiques et sédatifs.
  • Des études ont montré que la prescription de psychotropes, hors autorisation de mise sur le marché (AMM), chez les enfants serait de l’ordre de 40 % en pratique de ville, de 67 % (et jusqu’à 94 %) à l’hôpital.

Cette augmentation survient dans un contexte d’altération de la santé mentale des enfants et des adolescents pendant et à la suite de la crise sanitaire, et d’une crise de l’offre de soins en pédopsychiatrie.

En pratique pour le pharmacien

  • Le pharmacien a un rôle à jouer pour s’assurer de la conformité de la prescription des médicaments psychotropes avec la législation.
  • Rappel sur les règles de prescription et les conditions de délivrance du méthylphénidate (classé comme stupéfiant et indiqué dans les troubles du déficit de l’attention avec hyperactivité) :
    • la prescription doit être rédigée sur une ordonnance sécurisée et limitée à 28 jours ;
    • la prescription initiale annuelle est réservée aux spécialistes en neurologie, en pédiatrie ou en psychiatrie.
  • Dans le cadre d’une prescription hors AMM :
    Pour rappel, la prescription hors AMM présente un risque accru et implique une vigilance renforcée lors de son analyse pharmaceutique. Ces demandes doivent être analysées au cas par cas et un contact avec le prescripteur est fortement conseillé pour comprendre le contexte qui a amené à cette prescription et convenir ensemble de la conduite à tenir. Si l’intérêt de la santé du patient lui paraît l’exiger, le pharmacien doit refuser la dispensation tout en informant immédiatement le prescripteur de son refus et en le mentionnant sur l’ordonnance (article R. 4235-61 du code de la santé publique [CSP]).


En cas de prescription :

  • le médecin doit porter la mention « Prescription hors AMM » sur l’ordonnance ;
  • la dispensation hors AMM est légale et reste sous la responsabilité du pharmacien ;
  • les obligations du pharmacien sont renforcées :
    • il informe le patient de la posologie, du mode d’administration, du moment de prise et de la durée du traitement,
    • il conseille le patient sur le bon usage des médicaments, souligne les précautions d’emploi et alerte sur les mises en garde,
    • il attire l’attention du patient sur les effets indésirables et sur la possibilité d’interactions avec des médicaments d’automédication (bonnes pratiques de dispensation),
    • il informe le patient qu’une prescription hors AMM n’est pas remboursée par la Sécurité sociale.
  • La rédaction d’une intervention pharmaceutique est conseillée lorsque le pharmacien identifie un problème mettant en jeu l’efficacité ou la sécurité du traitement.
     

Pour aller plus loin