Le Groupement pharmaceutique de l'Union européenne (GPUE), association européenne de la pharmacie d’officine, a publié son enquête 2024 sur les ruptures d'approvisionnement en médicaments et dispositifs médicaux à l'officine.

28 pays membres du GPUE ont répondu à sa dernière enquête annuelle, menée entre le 20 novembre 2024 et le 24 janvier 2025.

Tous les pays sondés ont subi des ruptures en 2024

Les résultats de cette année révèlent une stagnation globale de la situation dans 61 % des pays. 21 % rapportent une amélioration, et 18 % ont vu leur situation s’aggraver. Comme l’année précédente, les classes les plus affectées sont les anti-infectieux systémiques tels que les antibiotiques, les traitements des maladies cardiovasculaires, les médicaments ciblant le système nerveux, ainsi que le tractus digestif et le métabolisme.

Les pays interrogés estiment que les causes de pénuries les plus fréquentes sont l’interruption du processus industriel (68 %), les stratégies nationales de fixation des prix et d’approvisionnement telles que les appels d’offres (54 %) et une hausse inattendue de la demande (50 %).

Les officines peuvent notifier les ruptures via un système de surveillance national dans 64 % des pays. C’est l’Agence du médicament qui partage le plus souvent des informations sur les ruptures (dans 75 % des pays), ainsi que les grossistes (57 %), l’industrie (46 %) ou les organisations de pharmaciens (36 %).

64 % des pays ont aussi subi des ruptures de dispositifs médicaux (DM) qui ont affecté toutes les classes de DM et de dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (DM-DIV). Cependant, seuls 2 pays ont un système de suivi de l’approvisionnement en DM fournissant des informations aux pharmaciens d’officine.

L’impact des tensions d’approvisionnement

Pour les patients, les ruptures ont été source de dérangement et de désarroi dans tous les pays, occasionnant des interruptions de traitement (82 %), une hausse du ticket modérateur (61 %), une moindre efficacité du traitement (57 %), des erreurs médicamenteuses à la prise du nouveau traitement (46 %) ou encore des effets indésirables ou une toxicité accrue (32 %).

Les officines sont quant à elles particulièrement affectées par la perte financière due au temps passé à limiter les ruptures évalué en moyenne à plus de 10h hebdomadaires (10h30, soit 4h de plus qu’en 2022), par la charge administrative, la perte de confiance des patients et la démotivation du personnel.

Le dispositif officinal face aux ruptures inclut les préparations (64 %), le recours à un dosage différent en ajustant la posologie (46 %), voire le recours à d’autres types de fournisseurs (61 %), la substitution thérapeutique n’étant possible que dans 21 % des pays.

“Nous sommes aujourd’hui dans une situation figée, inacceptable pour les patients, les pharmaciens et les prescripteurs : les pénuries ne s'aggravent pas mais ne se résolvent pas pour autant.

Derrière chaque pénurie de médicament, il y a un patient inquiet et un pharmacien qui s’emploie à trouver des solutions. En modifiant leur cadre juridique, certains pays ont permis aux pharmaciens de disposer d’une plus grande gamme de solutions pour les patients, telles que la substitution générique et la substitution thérapeutique. Elles offrent une solution plus rapide aux patients et s'appuient sur l'expertise du pharmacien.”

Clare Fitzell (Irlande), présidente du GPUE pour 2025

L’Ordre national des pharmaciens formule régulièrement des propositions pour lutter contre les ruptures d’approvisionnement et en novembre 2023 : une charte d’engagement des acteurs de la chaîne du médicament a été portée par l’Ordre et l’ANSM auprès des pouvoirs publics, et l’Ordre a créé l’outil de suivi “DP-ruptures”, pour améliorer la circulation de l’information entre les différents acteurs de la chaîne. L’Ordre a publié en décembre 2023 un cahier thématique sur le sujet, et l’ANSM actualise régulièrement son plan hivernal 2024-2025.

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