Le Groupement pharmaceutique de l'Union européenne (GPUE), association européenne de la pharmacie d’officine, a publié cette semaine son enquête 2023 sur les ruptures d'approvisionnement en médicaments et dispositifs médicaux à l'officine.

26 pays membres du GPUE ont répondu à sa dernière enquête annuelle, menée entre le 4 décembre 2023 et le 17 janvier 2024.

Tous les pays répondants ont subi des ruptures en 2023

La situation a empiré dans 17 pays, reste inchangée dans 6 pays, et seuls 3 pays ont vu leur situation s’améliorer. Les classes les plus affectées sont les anti-infectieux systémiques tels que les antibiotiques, les médicaments ciblant le système nerveux et les traitements des maladies cardiovasculaires.

Les pays interrogés estiment que les causes de pénuries les plus fréquentes sont l’interruption du processus industriel (65 %), les stratégies nationales de fixation des prix et d’approvisionnement telles que les appels d’offres (62 %) et une hausse inattendue de la demande (50 %).

Les officines peuvent utiliser un système de surveillance national dans 69 % des pays. C’est l’Agence du médicament qui partage le plus souvent des informations sur les ruptures (dans 85 % des pays), ainsi que les grossistes (54 %), l’industrie (46 %) ou les organisations de pharmaciens (27 %).

69 % des pays ont aussi subi des ruptures de dispositifs médicaux (DM) qui ont affecté toutes les classes de DM et de dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (DM-DIV). Cependant, seuls 2 pays ont un système de suivi de l’approvisionnement en DM fournissant des informations aux pharmaciens d’officine.

L’impact des tensions d’approvisionnement

Pour les patients, les ruptures ont été source de dérangement et de désarroi dans tous les pays, occasionnant des interruptions de traitement (88 %), une hausse du ticket modérateur (73 %), une moindre efficacité du traitement (73 %), des erreurs médicamenteuses à la prise du nouveau traitement (35 %) ou encore des effets indésirables ou une toxicité accrue (15 %).

Les officines sont quant à elles particulièrement affectées par la perte financière due au temps passé à limiter les ruptures évalué en moyenne à près de 10h hebdomadaires (9h30, soit 3h de plus qu’en 2022), la charge administrative, la perte de confiance des patients et la démotivation du personnel.

Le dispositif officinal face aux ruptures inclut les préparations (50 %), le recours à un dosage différent en ajustant la posologie (50 %), voire le recours à d’autres types de fournisseurs (38 %), la substitution thérapeutique n’étant possible que dans 19 % des pays.

L’Ordre national des pharmaciens formule régulièrement des propositions pour lutter contre les ruptures d’approvisionnement et en novembre 2023, une charte d’engagement des acteurs de la chaîne du médicament a été portée par l’Ordre et l’ANSM auprès des pouvoirs publics. L’Ordre publiait en décembre 2023 un nouveau cahier thématique sur le sujet, et l’ANSM vient d’actualiser son plan hivernal avec les chiffres des signalements de ruptures en 2023 (4 925 déclarations, contre 3 761 signalements en 2022).

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